L'air était froid, beaucoup plus que pour une simple saison des neiges. Le paysage, quant à lui, était blanc à perte de vue. Ce lieu devait être continuellement engloutis sous le pelage de neige, peu importe le temps ou la saison.
La noirceur de la nuit combinée aux larges flocons qui tombaient été bien pour se cacher, et malgré son pelage aussi noir que les abysses, Veuve Noire ne doutait pas de ses capacités.

Sa petite taille était un avantage suffisant pour se fondre dans la neige qui était plus haute qu’elle. La féline faisait cependant attention à sa faible visibilité, elle avait pu entendre en marchant une patrouille traverser non loin.
Remontant ainsi leurs pas en prenant le soin de faire ses traces dans les leurs, la chatte noire pu apercevoir une grotte. Sûrement le camp vu l'odeur forte qui s'y dégageait.

Sans attendre plus, Veuve Noire fendit la neige pour y pénétrer, ses griffes sorties se plantant dans la glace. La patrouille venait de partir, c'était une grande chance car ce lieu était complètement dépourvu d'endroits où se cacher et sa silhouette se reflétait sur les parois gelées.
Elle longea tout de même le côté des parois, évitant de s'exposer entièrement au milieu du lieu. C'était une habitude qu'avait plutôt son partenaire. Elle préférait la discrétion, l'efficacité et la létalité rapide.
Plusieurs corps étaient allongés, mais un large chat marron et une femelle rousse d'un rouge foncée lui sautaient le plus aux yeux.

La chatte fut ensuite attirée par la senteur des herbes et plantes fraiches, c'était familier. Ce qu'elle assumait être un guérisseur se tenait en boule au fond, assoupie comme le reste des félins ici. La silhouette était massive, blanche avec des poils presque bouclés et engloutissait une plus petite boule digne d'un chaton.

Utilisant la discrétion dont elle avait faire preuve, elle donna un coup dans les plantes pour les éparpiller, écrasant les plus essentielles pour les rendre inutilisable.

Veuve Noire n'hésita pas une seconde de plus. Et sans la moindre once de morale, elle agrippa le jeune chat par la tête avec sa patte avant de le tirer dans sa direction. Elle le maintint contre le sol d'une poigne ferme, ses griffes entourant son visage sans percer quoi ce que soit. Il ne fallait pas encore endommager, mais plutôt tester l'eau.

- Cri pour ton papa, mon petit. Miaula-t-elle doucement en gardant un regard perçant sur le tout petit chaton. Laissant ses miaulements stridents réveiller ce Clan à sa place.

Plongé dans un sommeil profond, Doux Nuage était paisible, ne se doutant pas une seule seconde du danger qui s'avançait petit à petit de lui et de son petit. Les derniers jours avaient été longs et compliqués pour tout le monde, l'avalanche avait bloqué l'entrée du clan, laissant Rameau de Framboise seule dans la douleur de sa patte cassée. Le gros guérisseur était seul dehors, attendant l'aide du Clan des Flammes qu'Étoile Nocturne était parti chercher. Serre de Hibou, Patte de Raton-Laveur, il s'était inquiété pour les deux. Actuellement, le petit était collé contre lui, dormant avec lui. Finalement, la douce chaleur du plus jeune le quitta et bien vite, Doux Nuage fut réveiller par les cris de détresse de celui-ci. Deux odeurs se mélangeaient, chatouillant les narines du guérisseur : l'odeur des plantes fraichement taillée et l'odeur d'une étrangère. Le gros mâle se réveilla d'un seul coup -chose rare- et regarda par-dessus son épaule pour trouver ce qui était en train de blesser son petit protégé.

C'était une petite féline aux yeux ambrés, Doux Nuage ne s'y attendait pas. Il pensait avoir affaire à Tocade, car au moins celui-ci n'aurait pas eu l'idée de détruire ses plantes les plus importantes ! Le guérisseur se releva et fit face à la femelle qui, soudainement, était encore plus petite. Ses yeux bleus et ses pupilles réduites à deux fentes fixaient avec haine la nouvelle arrivante, il fulminait et ça, c'était rare. Doux Nuage ne savait pas se battre, il n'avait que les bases alors, sans hésiter, tant pis s'il ça lui valait un coup de griffes ou deux, le mâle s'abaissa pour venir mordre la patte de la femelle qui tenait le petit au sol. Lorsqu'il fut libéré, il lui ordonna à Patte de Raton-Laveur ne courir prévenir le clan, du mieux qu'il pouvait avant de reculer de quelques pas et de se mettre en position, grondant.

"Attaquer un chaton, c'est petit"

Le jeune chaton cria à faire vibrer les tympans de tous félins à l'autre bout de la vallée. Le son venait taper les murs gelés de cette grotte et résonner jusqu'à faire trembler les stalactites pendant sur leurs têtes. Veuve Noire resta de marbre, sa patte fermement refermé et son regard perçant le guérisseur qui sortait de ses songes.
Le félin blanc était imposant, mais moins que Frénésie Carnassière, et affichait déjà un visage de colère. Elle n'était pas impressionnée, il était plutôt lent, pâteux et lourd dans ses gestes. Une grand force flasque qui pourrissait tellement elle n'était pas utilisé. Quel gâchis.

Le blanc attaqua sa patte, elle le regardait faire sans même feinter d'esquiver l'action, avant de lâcher le petit prisonnier de ses griffes. La chatte laissa le chaton s'enfuir pour réveiller le rester des chats des neiges, c'était une alarme efficace.

"Attaquer un chaton, c'est petit"

La chatte arqua un de ses sourcils, prenant également place en écartant de fines pattes pour avoir un appui solide sur le sol bleuté. Sa forme noire de jais dans cet océan givré l'empêchait d'aller se cacher pour resurgir de nul part, avant de redisparaitre dans l'ombre et répéter l'action jusqu'à épuisement de son adversaire.

- Peu m'importe ton avis, guérisseur. Finit-elle par dire d'une voix plus suave que ce qu'on aurait imaginé pour une féline si petite et délicate.

Profitant de l'absence des chats de ce Clan, elle débuta les hostilités d'un bond agile de ses postérieurs. Chassant l'air à toute vitesse, la femelle fendit le museau du blanc d'un coup de griffes acérées. Le jet de sang vint teinter le pelage de ce clanique tandis que du rouge remplaçait le noir de sa truffe. (1)
Elle voyait qu'il était déstabilisé, un vrai faible en combat, pire que ce qu'elle n'avait jamais vu. Quelle honte pour les guérisseurs. Veuve Noire en profita donc pour glisser sous le tas de poils et lacérer d'un autre coup de ses griffes le ventre de ce dernier. (2)

Puis, passant maintenant dans son dos, elle détala vers les plantes médicinales pour leurs donner un dernier coup de patte et faire tomber un peu plus des tas verdoyants. Avant de finalement resurgir vers le centre du Camp.

Elle n'avait même pas eu mal ! Cette femelle avait laissé partir Patte de Raton-Laveur, presque ennuyée. Ce dernier s'en était allé, commençant à hurler dans tous les recoins du clan, à chaque tanière : Doux Nuage pouvait l'entendre ! La voix suave de la guerrière fit frissonner de terreur le guérisseur, qui était-elle ? Elle voulait quoi celle-là ? Un coup de griffes sur son museau, puis la chatte passa sous son ventre pour venir le lacérer à vitesse éclair. Le gros guérisseur couina de douleur, quel penaud il était.. Le temps qu'il réagisse, qu'il se tourne, l'intruse alla finir le boulot, faisant tomber le reste de ses réserves avant de détaler au milieu du clan. Doux Nuage était furieux, et, peut-être était-ce l'adrénaline qui lui donna des forces. Le matou blanc rejoignit le centre du camp : elle n'allait pas s'en tirer sans qu'il se batte un minimum !

Doux Nuage s'avança au plus vite de la guerrière, qui était beaucoup trop rapide pour lui. Il arriva à lui griffer le flanc (1) Son cœur se mit à battre à la chamade, comme une proie sous les griffes de son prédateur. Que venait-il de faire ? Il n'était pas un guerrier ! Il n'était qu'un guérisseur, le plus gros qu'il soit, le plus fainéant, le plus.. Cette chatte, aussi petite soit-elle, était terrifiante.

"Doux Nuage ! Tu vas bien ? Que s'est-il passé ? 
- Euh.. Ce-cette, bégaya-t-il. Cette femelle est rentrée dans ma tanière, je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi, mais elle a détruit toutes mes réserves ! Elle a aussi attaqué Patte de Raton-Laveur ! J-j'ai essayé de me défendre" 

Le cœur de Doux Nuage battait fort, il se pencha pour attraper Patte de Raton-Laveur par la peau du coup et le ramener dans sa tanière comme une mère apeurée le ferait pour protéger ses chatons. Le gros guérisseur se posa sur le sol, prêt à intervenir si besoin, ses yeux regardant les faits et gestes de chacun de ses camarades. Il repéra Rameau de Framboise qui tenta vainement une attaque contre la chatte noire. La peur et l'anxiété dépassèrent la colère : avec plus aucun remède dans ses réserves, Doux Nuage ne pourrait plus soigner l'état de la jeune guerrière.

Serre de Hibou était lé-ssi-vé ! Déjà que sa discussion avec Doux Nuage (bien que réparatrice) l’avait complètement chamboulé, l’avalanche l’avait vidé de ses dernières forces. C’est fou ce qu’un tas de neige pouvait provoquer comme travail. Enfin bon, tout le clan était sur les rotules donc cette nuit sera des plus réparatrices. Enfin ça c’est ce qu’il pensait jusqu’à ce que Petit Raton-Laveur lui saute dessus avec la grâce d’un blaireau. Clan des Étoiles qu’ai-je fais...
M’enfin il l’aimait sa petite boule de poil.

« Papa guérisseur est en danger… »

Hein ? Quoi ? Comment ? Guérisseur ? Danger ? Doux Nuage ?

« DOUX NUAGE EST EN DANGER ?! »

Il s’était levé si brusquement qu’il ne prêta même pas attention à s’il avait fait valdinguer Petit Raton-Laveur ou non. La plupart des guerriers s’étaient déjà précipité dehors, entendant les cris du jeune chaton. Avait-il un sommeil aussi profond que ça ? Je manque à tous mes devoirs. Aussi rapide qu’il ne l’a jamais été il fonça dehors et observa le camp, cherchant en un éclair la fourrure blanche de son ami de toujours. Il le trouva avec un filet rouge sang qui ne cessait de grandir. Son cœur fit un bon. Et Petit Raton-Laveur qui dormait avec lui avait dû tout voir. Il en avait déjà bien assez vu des horreurs à son âge alors pourquoi toujours plus… Qui ? Qui a OSÉ faire ça ?
Personne n’avait le droit de toucher à ses plus proches camarades. Sa colère monta encore lorsqu’il vit la blessure de Rameau de Framboise se rouvrir sous les coups de crocs de l’inconnu. C’est toi.
Il se souvient, un jour une guerrière avait fait la remarque. Quand on s’en prend réellement à Doux Givre tu deviens si agressif qu’on ne te reconnaît quasiment plus !
C’est fort possible. Et quand le lieutenant entendit les paroles glaçantes de leur ennemi, il ne s’était même pas donné la peine de préparer une stratégie. Il fonça comme une bête enragée.

« Vos amis de la Terre se battent mieux. »

Peut être avait-elle baissée sa garde par orgueil ou que la chance était avec lui mais le lieutenant lui donna un coup d’épaule en plein dans le flanc, si bien placé qu’elle se prit le choc de plein fouet et fut emportée quelques longueur de queue plus loin.

« Et là, ça te paraît suffisant ? »

La force de Serre de Hibou avait déjà fait parler de lui et c’est dans ses moments là qu’il était bien content de la posséder pour protéger ses camarades. Il hérissa son poil de plus belle, feulant sur l’intruse pleine du sang de Rameau de Framboise et de son précieux Doux Nuage.

« Tu n’as pas de chance, tu as touché aux deux personnes qui me sont les plus chères ici. Compte sur moi pour t’en faire baver. »

Serre de Hibou venait percuter de plein fouet la petite femelle noire sous les yeux horrifiés de Doux Nuage. Pitié Clan des Étoiles, faites qu'il ne soit pas gravement blessé. Son propre souffle était rapide, inégal et le guérisseur n'entendit que très peu les paroles de son petit Patte de Raton-Laveur. Il ne le vit que bailler alors, il l'attira un peu plus vers lui, vers son poitrail pas encore tâché de sang avant de lécher le haut du crâne du chaton pour le calmer et l'endormir. Il n'est pas dupe, il sait que je suis aussi apeuré qu'une souris devant un guerrier.

"Shh, shh, rendors-toi mon grand, tout va bien"

Ça lui coûtait de dire ses mots rassurants alors que son plus proche amis, celui qu'il aimait le plus dans tout ce clan était en face de lui, prêt à se battre alors ses réserves de remède étaient au niveau .

“Et là, ça te paraît suffisant ? Tu n’as pas de chance, tu as touché aux deux personnes qui me sont les plus chères ici. Compte sur moi pour t’en faire baver.”

Veuve Noire avait été surprise, pour la première fois depuis longtemps. Ce félin était arrivé comme une furie, d’une manière un peu similaire à celle de Frénésie Carnassière lorsqu’il était enragé. La famille était vraiment une chose précieuse, rien de plus fort que les liens de sang.
Elle courba son dos en une arche et laissa ses griffes rougies par le sang grincer contre le sol gelé. Elle avait toujours apprécié briser ses infimes et délicats liens, comme des simples brindilles.

Elle vit du coin des yeux un nouveau chat s’approcher. Grand, noir et définitivement en colère. La chatte se fit plaquer par ce dernier tandis qu’il lui parlait d’une voix forte. Elle s’était trompée, c’était lui le meneur des lieux sans aucun doute. Un peu tardif à venir la confronter pour quelqu’un qui devait protéger les siens.

“Dit nous plutôt ce que tu viens faire ici.”

Veuve Noire était donc définitivement entourée, l’air froid mordait ses plaies mais rien ne pouvait sortir la féline de son calme olympien. Elle se sortirait de cette situation comme elle l’a toujours fait. Et il était temps qu’elle arrête de jouer avec ses félins, la chatte en avait déjà vu suffisamment. Il était temps de montrer qui était la véritable personne en danger ici.
Elle donna un puissant coup de griffe en visant les yeux bleus du meneur, mais lacéra longuement juste sur sous ses paupières inférieures. (1) Alors que celui-ci dû reculer sous l’attaque, elle se releva pour foncer sur sa gorge. Le coup était l’un des plus meurtriers qu’elle faisait, et elle l'exécutait toujours avec perfection. Ses crocs se faufilèrent entre les longs poils sombres du chef avant de se planter au plus profond, se frayant un chemin laborieux vers sa jugulaire. (2)

Alors que le mâle grogna de douleur, la féline en profita pour déguerpir, le sang coulant de sa gueule en filées. Elle annonçant avant de disparaître parmi la blancheur de la neige ;

- Vous avez finalement des ressources, chats de Clan, je dois l’admettre. Dommage que vous soyez dans un si piteux état. Miaula-t-elle tout en observant individuellement les félins qui se dressaient devant elle. Oui, clairement, ils sortaient de quelque chose. Veuve Noire est mon nom. Nous allons nous revoir, alors retenez le.

Ce Clan était un peu trop attaché entre eux à son goût. Un peu lent à la détente mais beaucoup plus de travail d'équipe et d'envie suicidaire pour le bien des autres.