Crotte de souris.
Lieutenant, c’est pas de tout repos. Ça il l’avait bien comprit depuis maintenant plusieurs lunes. Mais être un lieutenant souffrant, c’est une toute autre histoire. Serre de Hibou n’avait pas beaucoup dormi, il avait été de patrouille nocturne puis après un léger somme s’était réveillé à l’aube pour planifier les autres patrouilles avec ses camarades. Et même s’il avait senti un petit quelque chose au fur et à mesure, croyez bien qu’il s’était par la suite retenu de ne pas se recroqueviller de douleur lorsqu’il s’adressait aux autres. Des crampes. Des maudites crampes d’estomac. Il était assez fatigué comme ça pour en plus devoir supporter les petites crises de son corps ! Aller passe, passe…
Rien à faire. Il ne pouvait pas continuer comme ça. Serre de Hibou s’excusa auprès de ceux avec qui il était en train de parler « Le devoir m’appelle. » avait-il lancé, ironique quand on sait qu’il était justement en train d’accomplir son devoir. Bref il fallait qu’il soulage ses maux. Il songea d’abord à retourner dans la tanière des guerriers, un peu stupide lui diriez vous mais il ne voulait en fait inquiéter personne et rester à l’abri des regards. Mais en y réfléchissant, la balance pencha du côté du guérisseur, son ami de toujours Doux Nuage qu’il connaissait depuis tout petit. Cela faisait un moment qu’ils n’avaient pas parlé tous les deux, leur rôle dans le clan les avaient déjà pas mal occupé mais la tragédie avait rendu les discussions de Serre de hibou plus compliquée et moins fréquente. Et puis bon, au plus vite il guérirait et au plus vite il pourrait vaquer à ses occupations de lieutenant, l’option d’aller le voir était mieux. Le temps, c’est de la viande sur le tas de gibier. C’est fébrile qu’il se dirigea vers l’antre du matou blanc.

L’odeur des herbes médicinales s’empara immédiatement de sa truffe, il en oublia presque un instant ses douleurs. Et hop il manqua de tomber en chancelant. Oui bon presque. C’était une petite nature. Mais ça fait mal quand même.

- « Doux Nuage ? ...Tu es là ? »

En fait tu n’as pas le choix, soit là je t’en supplie. Et heureusement ouf ! Il vit sa silhouette touffue s’approcher.

« Salut Doux Nuage, tu te portes bien ces temps-ci ?

Il posa son derrière au sol dans une parfaite disgrâce et un court soupir. Il faut vite que je me remette, je ne veux plus décevoir personne.

« J’aimerai bien discuter avec toi ça fait longtemps… Mais je t’avoue que là mon ventre en a décidé autrement en m’offrant de superbes crampes, j’aurais bien besoin de ton savoir faire s’il te plaît. »

HRP:

"Doux Nuage ? ...Tu es là ?"

Oui, il était là, mais il dormait profondément. C'est en entendant la voix de son ami qu'il se releva d'un bond.

"Oh c'est pas vrai, grommela-t-il envers lui-même"

Le guérisseur était au fond de sa tanière, dans l'endroit où il gardait ses plantes. Il pesta contre lui-même, il s'était endormi dans sa réserve ! Quel genre de guérisseur dormait dans sa réserve de plante ? Heureusement que Nuage d'une Nuit n'était pas là pour voir ça. Les plantes lui piquaient le dos et les côtés, mais il se retint de s'ébrouer, pas question de devoir tout ranger après. Doux Nuage se dirigea vers l'entrée de son antre, s'étirant les pattes arrière. J'espère que c'est important. Et en effet, c'était important puisqu'il s'agissait Serre de Hibou, son meilleur ami. Doux Nuage était heureux de le voir. Lui était guérisseur, l'autre était lieutenant, ils n'avaient pratiquement pas le temps de se voir. Le guérisseur rendit son salut à Plume de Hibou.

"J’aimerai bien discuter avec toi ça fait longtemps… Mais je t’avoue que là mon ventre en a décidé autrement en m’offrant de superbes crampes, j’aurais bien besoin de ton savoir-faire s’il te plaît.
- Mh. Je sais pas, répondit-il taquin"

Doux Nuage tourna le dos à son ami et rassembla de la mousse pour en faire un nid des plus confortables. Il tourna ensuite sa tête pour regarder Serre de Hibou.

"Il me faut le meilleur nid pour mon meilleur ami. Viens, allonge-toi ici."

Il ronronna en voyant son ami approcher. Il lui avait tellement manqué ! Le regard de Doux Nuage était rempli d'amour puis petit à petit, il se fit plus triste. Doux Givre. Le guérisseur soupira de tristesse. Elle aussi, elle  lui manquait.

"Qu'est-ce qui t'amène, Serre de Hibou ?, demanda-t-il doucement"

Serre de Hibou observait son guérisseur préféré lui préparer un nid des plus confortable et ne put s’empêcher de ronronner malgré la douleur. Elle s’était accentuée, la réponse de Doux Nuage l’avait fait rire. Qu’il est bête !
Il se sentait comme un ancien, incapable d’avoir des réactions sans en subir les conséquences. Parce que des litières humides de vieux ne sachant pas se contrôler il en avait évacué de leur tanière et pas qu’un peu. Ô Clan des Étoiles, ayez pitié de moi si un jour je rejoins les vieillards. Je voudrais encore un peu de crédibilité auprès des apprentis je vous en conjure.

- « Il me faut le meilleur nid pour mon meilleur ami. Viens, allonge-toi ici. »

Le guerrier brun ne se fit pas prier, frôlant sa tête contre le pelage immaculé de Doux Nuage au passage et se posa sur ladite place bricolée avec soin avec autant de grâce que lorsqu’il était arrivé.


- « Ah vraiment merci. Tu aurais été guérisseur dans un autre clan, je serai quand même venu te voir ! »

- « Qu'est-ce qui t'amène, Serre de Hibou ? »

Serre de Hibou y réfléchit un instant, enroulant sa queue autour de lui. Quand et comment cela avait-il commencé ?

- « Et bien j’ai fait une patrouille cette nuit, je me sentais déjà un peu bizarre, mon réveil était assez difficile puis je me suis posé quelques instants… Après ça je me suis levée à l’aube pour attribuer les autres patrouilles du jour, c’est là que mes douleurs au ventre se sont intensifiées. »

Réfléchissons… Ce n’est pas une blessure, il ne s’était pas battu depuis quelques lunes déjà. Et puis ça se verrait. Du gibier avarié ?

« Je ne pense pas que ce soit une proie que j’aurais mangé, je n’ai pas sentit de goût étrange ou quoique ce soit... »

Ce qu’il n’avait pas mentionné c’est qu’il n’avait rien mangé depuis hier, il n’en avait pas l’appétit. Mais ce rythme là ne lui avait jamais fait défaut. Il était persuadé que ça n’avait rien à voir étant souvent absorbé par son devoir de lieutenant. C’était normal.

"Ah vraiment merci. Tu aurais été guérisseur dans un autre clan, je serai quand même venu te voir !
- Évidemment, se vanta le mâle»

Le guérisseur écouta son ami parler pendant ce dernier s'installait sur le nid confortable qu'il lui avait fait. Mal de ventre ? Cela pourrait être beaucoup de choses, d'autant plus que le lieutenant n'avait pas remarqué quoi que ce soit d'étrange dans son gibier. Doux Nuage regarda Serre de Hibou dans les yeux. Il connaissait son ami, il vivait à ses côtés depuis 51 lunes. 

"Attends-moi là"

Et le gros guérisseur sortit de la tanière pour aller vers le tas de gibier. Le territoire des Nuages était froid, gelés, seuls les plus forts pouvaient survivre alors Serre de Hibou n'aurait pas pu avaler une proie malade et du gibier avarié se verrait rapidement. Il attrapa une souris dodue puis retourna dans sa tanière. Doux Nuage déposa l'animal devant les pattes du lieutenant.

"Tu n'as rien remarqué d'étrange dans ton gibier car tu n'as rien mangé n'est ce pas ?, ronronna-t-il"

Puis le guérisseur alla chercher dans ses réserves une plante qui soulagerait les maux de ventre du lieutenant. Il rapporta des racines de cerfeuil puis se baissa pour être à hauteur du guerrier.

"Tu dois manger ces racines, expliqua-t-il d'une voix douce. C'est peu ragoûtant, mais ça soulagera tes maux de ventre. Tu pourras manger la souris après. Enfin, tu resteras là le reste de la journée et c'est non négociable. Tu es peut-être mon lieutenant, mais moi je suis ton guérisseur et ton ami."

Doux Nuage était parti à l’extérieur, laissant Serre de Hibou perplexe. Ce n’était pas au fond de son antre les remèdes ? Oh et puis depuis quand tu t’y connais en plantes toi ?
Haaa… C’est vrai n’empêche, c’est un sacré savoir-faire d’être guérisseur. Il se souviendrait toute sa vie lorsqu’à sa grande surprise il ne l’avait pas rejoint avec Nuage de Givre dans la tanière des apprentis. À dire vrai Nuage de Hibou l’avait un peu mal prit, tous ces scénarios d’entraînement et de partie de chasse avec lui dont-il avait rêvé et qui ne s’étaient du coup pas ou peu réalisé. Le brun n’avait rien dit à l’époque, assez discret. Mais est-ce qu’aujourd’hui Serre de Hibou allait s’en plaindre ? NON. Parce qu’il allait le chouchouter. Et par le meilleur guérisseur ça n’a pas de prix.

Sortant de ses pensées, il vit son ami revenir, son doux poil volant au gré du vent. Serre de Hibou avait toujours été fasciné par son pelage qui -il faut le dire- était très joli. Il vit le matou lui tendre une belle souris tout droit sortie du tas du gibier ce qui laissa le lieutenant perplexe. C’est un remède, de manger ? Et moi qui parlait de savoir-faire… !
Devant son regard interrogatif, Doux Nuage sans le savoir lui cloua le bec en moins de deux.

- « Tu n'as rien remarqué d'étrange dans ton gibier car tu n'as rien mangé n'est ce pas ? »

...Ah. Touché.
Maintenant qu’il le disait ! Ha. Serre de Hibou se sentait un peu stupide. Il souffla de la truffe.

- « Tu m’embêtes à trop me connaître… dit-il en ronronnant à son tour, Mais tu le sais j’ai pas souvent l’appétit. »

Il observa la souris sans grande envie, c’était toujours comme ça d’abord il peinait puis après il mangeait effectivement à sa faim. Du coin de l’œil il vit Doux Nuage revenir de sa réserve cette fois.

- « Tu dois manger ces racines C'est peu ragoûtant, mais ça soulagera tes maux de ventre. Tu pourras manger la souris après. Il commença à grimacer en voyant le bout de plante qu’il allait devoir avaler. Enfin, tu resteras là le reste de la journée et c'est non négociable. Tu es peut-être mon lieutenant, mais moi je suis ton guérisseur et ton ami. »

-« Mais ! »

Il évita de se lever brusquement, ne voulant pas que son ventre le retourne complètement. Au regard de son ami, il savait qu’il n’y avait aucun moyen de contester. Il était comme un apprenti boudeur qui venait de recevoir une corvée.

« J’avais encore plein de choses à faire... » dit-il en mâchouillant sa racine infecte.

Rester ici hein… ça faisait un moment qu’il n’était pas resté au camp à ne rien faire. Il n’allait jamais tenir…

« D’accord… Mais alors tu restes avec moi. Je veux pas être seul... »

Il avait détourné le regard. Depuis longtemps il n’avait plus demandé de compagnie. C’était l’occasion.

"Mais !"

Le lieutenant essaya de contester et cela fit rire Doux Nuage : il ressemblait à un apprenti qui ne voulait pas faire de corvées. Le regard du guérisseur se fit aimant, il lui manquait le temps où il était tous les trois -avec Doux Givre- apprentis et le gros mâle adressa une prière silencieuse à cette dernière au Clan des Étoiles, promettant qu'il serait toujours là pour veiller sur leur ami commun.

"J’avais encore plein de choses à faire...
- Sans doute, dit-il en regardant la mine écoeurée du lieutenant.
- D’accord… Mais alors tu restes avec moi. Je veux pas être seul... 
- Moi aussi j'ai des choses à faire !"

Doux Nuage était d'humeur taquine, mais infiniment reconnaissant que son ami lui donne une raison de ne rien faire. 

"Je suis un chat très occupé, mais comme il est de mon devoir de prendre soin de mes camarades, alors je t'accorder disons... 2 ou 3 minutes de mon temps, grand maximum"

Le guérisseur regarda Serre de Hibou avant de se mettre à rire doucement. 2 ou 3 minutes était le temps qu'il lui fallait pour se mettre à ronfler comme un ancien. Finalement, le gros guérisseur blanc s'allongea près de son ami, il continuerait sa sieste après avoir pris des nouvelles du lieutenant.

"Toutes ses nouvelles responsabilités te tombent dessus, mais j'aimerais que tu saches que tu peux toujours venir me voir dans ma tanière pour te reposer. Je suis fier de toi, Serre de Hibou, dit-il en le regardant sérieusement. Et.. Je sais que Doux Givre l'est aussi"

Serre de Hibou fut ravi que son ami accepte, quoique pas très étonné qu’il choisisse de se poser à ses côtés plutôt que de vaquer à ses occupations de guérisseur. Un chat très occupé, mais bien sûûûûrs. Le lieutenant se mit à sourir. Il tapissa la place à côté de lui du bout de la queue avant de la poser sur le dos de Doux Nuage de sorte à l’entourer.

"Toutes ses nouvelles responsabilités te tombent dessus, mais j'aimerais que tu saches que tu peux toujours venir me voir dans ma tanière pour te reposer. Je suis fier de toi, Serre de Hibou. Et.. Je sais que Doux Givre l'est aussi"

Ses oreilles frémirent à l’entente de ce nom. L’image de sa belle revenait le hanter une nouvelle fois. Son pelage aussi blanc que son camarade flottait dans ses pensées, se mélangeant peu à peu à de la neige et du sang. Pourquoi es-tu partie toute seule ce jour là ? Voilà pourquoi je déteste ne rien faire, je ne fais que ressasser cette image de toi. Il voulait oublier. Par tout les moyens. Son cœur lui criait que ce n’était pas la bonne solution mais il ne voulait pas l’écouter tant il lui faisait mal. Il avait l’impression d’être un idiot, que sa souffrance n’était rien et qu’il devait aller de l’avant sans se plaindre. Qui était-il pour se plaindre ? Mais il n’y arrivait pas…

« Merci, je passerai plus souvent c’est promis. Ça me touche vraiment tu sais, je veux dire… Je sais que plein de membres du clan sont fières de moi mais l’entendre ça fait du bien, surtout quand c’est toi. »

Le lieutenant vint affectueusement frotter sa tête contre son ami, la gorge serrée par ce qu’il s’apprêtait à dire.

« Pour être honnête… Je sais que je devrais me ménager mais j’ai tellement peur qu’on me prenne en pitié depuis ces dernières lunes. Je ne veux pas qu’on s’apitoie sur mon sort et en même temps je n’ai jamais eu aussi peur de me retrouver tout seul… Tout se bouscule dans ma tête. »

Il s’arrêta un instant, secouant lentement la tête.

« Doux Givre est peut-être fière mais moi je ne suis pas fière de ma personne. J’aurais pu empêcher sa mort, j’aurais pu les sauver tous les trois... »

Serre de Hibou enfonça sa truffe entre ses pattes, il en avait marre de tout ça.

Tourmenté, son ami était tourmenté. Peut-être aurait-il du venir un peu plus souvent, pour voir comment il allait au lieu de s'éclipser hors du camp pour faire ses siestes éclairs. Le lieutenant vint affectueusement frotter sa tête contre son ami, faisant sourire le gros guérisseur.

"Pour être honnête… Je sais que je devrais me ménager mais j’ai tellement peur qu’on me prenne en pitié depuis ces dernières lunes. Je ne veux pas qu’on s’apitoie sur mon sort et en même temps je n’ai jamais eu aussi peur de me retrouver tout seul… Tout se bouscule dans ma tête, il s’arrêta un instant, secouant lentement la tête. Doux Givre est peut-être fière mais moi je ne suis pas fier de ma personne. J’aurais pu empêcher sa mort, j’aurais pu les sauver tous les trois...
- Allons Serre du Hibou, ce n'est pas de ta faute.. Tu n'as pas à te blâmer pour.., il laissa sa phrase en suspens. On ne peut jamais prévoir les malheurs de la vie. Je le sais bien, je suis guérisseur. "

Doux Nuage posa son menton sur le haut du crâne de son ami, espérant que ses ronronnements apaiseraient Serre de Hibou. Si ce dernier était fautif, alors Doux Nuage l'était tout autant. Il était son ami, à elle aussi et pourtant elle n'était plus là. Le guérisseur blanc ferma les yeux, humant l'odeur de son ami qui était si reposante pour lui.

"Lorsque ça ira un peu mieux, nous pourrons sortir chercher des plantes si tu veux, murmura-t-il. Je sais que tu n'aimes pas rester à ne rien faire."

"Allons Serre du Hibou, ce n'est pas de ta faute.. Tu n'as pas à te blâmer pour…
On ne peut jamais prévoir les malheurs de la vie. Je le sais bien, je suis guérisseur."

Des émotions fortes se mélangeaient peu à peu dans le cœur de Serre de Hibou mais son désespoir commençait à s’effacer laissant juste place à du chagrin. Il avait besoin de craquer en cet unique instant, protégé d’abord par ses pattes cachant son visage mais ensuite et surtout par le pelage au combien beau de son ami. Il savait que personne d’autre ne le verrait, il en était convaincu alors il s’autorisa quelques sanglots éphémères quand Doux Nuage se posa au dessus de sa tête. C’était dur, très dur de parler de lui, de ses problèmes. Personne ne pouvait aimer ça. Et pourtant aussi dur pouvait être ce chemin, il était la solution. Il prendrait du temps, de l’énergie mais il menait bien quelque part.

"Lorsque ça ira un peu mieux, nous pourrons sortir chercher des plantes si tu veux. Je sais que tu n'aimes pas rester à ne rien faire."

Il avait presque envie de refuser cette proposition tant ses murmures l’apaisait. La réponse était si simple mais encore une fois tout ce que pouvait dire Doux Nuage avait une puissance infinie pour le matou brun. Durant cet instant précis il avait l’impression d’être protégé par d’immense remparts impénétrables. Son cœur était encore bien lourd mais pour la première fois il pensait à la silhouette lointaine de Doux Givre sans tout ce qui lui pesait avec. Juste elle. Sa beauté, son élégance, sa bienveillance. Et elle souriait…
Il releva légèrement la tête, s’enfouissant dans le pelage de Doux Nuage.

"Merci…"

Il sentit les ronronnements du matou blanc traverser tout son corps et former une harmonie avec les siens, plus faibles.

"Je me sens un peu mieux maintenant. Et plus léger." Il secoua sa tête, se relevant. "Même si je pense encore à tout ce que j’ai dit, c’est… c’est pas tout à fait pareil."

Il fixa un coin du sol, la douleur au ventre semblait d’un coup si lointaine elle aussi. Il ne s’attendait pas à venir vivre tant d’émotions ici, maintenant qu’il s’était confié il était un peu gêné. Est-ce qu’il paraissait différent ?

"Tu me diras quand tu veux aller chercher des plantes. Ce n’est pas pressé." Dit-il dans le vague.

Quelle étrange sentiment de voir que Serre de Hibou se serrait à lui, enfouissait sa tête contre son pelage frisé et doux. Ses ronronnements s'accentuaient car bien des fois il s'était senti heureux, tranquillement couché sur la mousse, mais jamais il ne sentait un sentiment de paix comme celui-ci. Alors qu'il entendait les sanglots de son meilleur ami, que son cœur se déchirait à chaque respiration abattue de ce dernier, Doux Nuage se mit à faire la toilette sur le haut du crâne de Serre du Hibou, doucement, dans un geste trop aimant pour être qu'amical.

"Comme tu as dit, ce n'est pas pressé.. Si tu veux rester ici pour te reposer, ce n'est pas moi qui vais t'en empêcher"

Le gros guérisseur pouffa, jamais il ne manquerait une occasion de ne rien faire, de juste parler ou bien d'écouter quelqu'un, surtout si son patient était son plus vieil ami. Parfois, il avait l'impression d'être un ancien avant l'heure.