Le temps se voulait chaud pour la saison. Les oiseaux piaillaient sans arrêts dans les branches surplombant le camp du clan de la pluie. La jeune femelle, roulée en boule, tentait désespérément de passer outre ce son désagréable, en vain. Elle finit donc par émerger de l’épais buisson placé sur la bordure de l’îlot pour retrouver l’humidité familière du petit ravin.
Elle allongea son corps sur l’avant, celui-ci totalement courbaturé par la patrouille de minuit effectué quelques courtes heures auparavant. Les muscles épais de la femelle roulèrent sous sa peau. Quelques craquement se firent également entendre et le long braillement de la femelle fut le son le plus bruyant qu’émis la femelle. Elle fit agiter sa peau pour débarrasser de ses beaux poils bruns les poussières et les brins de mousse indésirables avant de lisser sa fourrure soyeuse avec quelques coups de langue. Elle ébroua une dernière fois son corps avant de se hisser sur ses pattes pour gagner à petites foulées le tas de gibier faiblement rempli.
Le ventre de la femelle émis des petites plaintes, rongé par la faim. La journée était radieuse, le soleil présent dans le ciel. La femelle n’eut de tête que pour le gibier probablement de sortie par ce beau temps. Les plaintes de son ventre recommençant, elle finit par se décider pour un maigre poisson qu’elle emporta un peu plus loin, se perchant sur un rocher qui lui permettait une vue plus globale du camp. Elle plongea ses crocs dans la chaire tendre, bien que peu présente, du poisson.
Une rapide vue d’ensemble lui permit de remarquer son compagnon allongé sur le ventre vers le bord du camp qui était manifestement fasciné par les gouttes s’écrasant au sol depuis une roche. Quelle idée d’avoir choisi un compagnon comme lui ? Mais elle se prit immédiatement à regretter sa pensée pour se focaliser sur son maigre repas.
En reprenant une bouchée de poiscaille la femelle continua d’observer les divers félins de son camp s’activer. Elle observa les apprentis qui apportaient les quelques proies fraîchement chassées aux plus anciens de la tribu et qui revenaient chercher leur propre part. D’autres, des guerriers cette fois-ci, s’agglutinaient près de la sortie du camp près à partir en patrouille de frontière comme la jeune femelle l’avait ordonné la veille. Des chatons sortirent alors de la pouponnière, roulant dans la poussière du camp, surveillés par leur mère. Cette image la fit repenser au moment où elle avait eut sa propre portée avec Souffle Brumeux, elle était si comblée. C’est le sourire aux babines et l’air rêveur qu’elle finie de manger tranquillement son poisson.
Ce ne fut qu’à sa dernière bouchée que Plume de Chouette fut interrompue par un vrai cri d’agonie. Et celui-ci n’était pas poussé par n’importe qui, mais par son compagnon. Les oreilles aux aguets, les pattes déjà tendues à leur maximum elle sauta d’un puissant bon de son perchoir pour atterrir légèrement au sol.
A peine ses coussinets n’effleurèrent le sol qu’elle bondissait déjà en avant pour accourir au près de son compagnon. Bien que cela faisait de nombreuses lunes qu’il avait failli rendre visite au clan des étoiles à cause du grave blessure, la lieutenante redoutait toujours le moment où un nouveau problème arriverait à Souffle Brumeux.
Ce ne fut qu’une fois aux côtés de son compagnon que la femelle l’observa réellement. Et qu’elle ne fut pas sa surprise de le découvrir en bon état, pour ne pas dire en excellente santé. La féline coucha ses oreilles en arrière avant de cracher
- Espèce de cervelle de souris moisie ! Ça t’amuses de me faire peur comme ça!
La jeune chatte l’affubla d’un coup de patte sur l’oreille avant de feuler bruyamment
- Et que fais tu ? J’ai bien l’impression que tu te la coule un peu trop douce alors que le clan meurt de faim
La féline lui flanqua un nouveau coup de patte, sur le museau cette fois avant de saisir sans délicatesse aucune la nuque de son compagnon entre ses crocs pour le tirer et lui cracher en le lâchant quelque chose qui ressemblait vaguement à un « si ça t’amuses tant de rien faire, fais le utilement et vient m’aider à remplir le tas de gibier ».
Une fois dit la femelle regarda d’un œil mauvais son compagnon, attendant sa réponse.

Souffle Brumeux fut amplement satisfait lorsque son gindre fit se précipiter la femelle brune proche de lui. Il la suivit de ses deux orbes grisées alors qu’elle arrivait à son niveau, elle sembla s’arrêter pour l’inspecter quelques instants. Un large sourire vint alors étirer les babines cendrées du mâle, dévoilant ses canines blanches et droites à la lumière du soleil. Une tentative bien vaine de calmer la colère furieuse de sa compagne lorsque ses prunelles se mirent à briller de réalisation. Et oui, il allait parfaitement bien. Mais ce n’était que physiquement ! Car de l’intérieur il semblait se putréfié avec l’ennuie.
Très rapidement, Plume de Chouette abaissa ses fines oreilles pour qu’elles se plaquent contre le haut de son crâne, disparaissant presque dans sa fourrure marron. À contrario, le félin dressa ses siennes vivement pour accorder son attention à la chatte en retour. Il savait que ça allait très vite dégénérer mais avec un peu de chance cela serait suffisant pour que son spleen ne s’envole.

- Espèce de cervelle de souris moisie ! Ça t’amuses de me faire peur comme ça !

La voix de Plume de Chouette était forte, imposante, contrastant avec son apparence délicate et féminine. Le félin la scruta pendant un instant alors qu’elle continuait à déballer des mots qu’il imaginait très peu cordiaux. Ses deux prunelles grises métalliques plongèrent alors dans le bleu azur pétillant de ceux de la lieutenant. Son regard était plutôt lointain, mais revint très vite à la réalité lorsqu’une patte s’écrasa brutalement sur son oreille.
Le chat noir et beige cligna plusieurs fois de ses paupières tout en faisant bouger légèrement son oreille battue. Un feulement éclata alors à sa figure et il sembla s’enfoncer dans son propre cou avec étonnement. Il avait déconnecté un peu trop facilement. Un sourire tranchant revint rapidement couper son visage en deux tandis qu’il arqua un de ses sourcils.

- Et que fais tu ? J’ai bien l’impression que tu te la coule un peu trop douce alors que le clan meurt de faim.

- Alors pour ma défens--

Le félin fut très vite couper par un nouveau coup de patte sur son museau, similaire à celui qu’il avait reçu sur son oreille il y a quelques secondes. Il loucha vers l’endroit, et souffla bruyamment tout en faisant un mouvement circulaire de son pif.

- Que de violenc--

Une nouvelle fois couper, Souffle Brumeux se sentit tirer par la femelle d’une force insoupçonnée, avant qu’il ne se retrouver au centre du Camp des Pluvieux. La féline s’empressa alors de continuer de lui cracher à la figure des choses peu glorifiante.
Le guerrier émit un léger rire amusé alors qu’il se relevait en appuyant sur ses pattes beiges. Debout, il secoua son corps de droite à gauche avec des mouvements fluides et félins, afin de se libérer de la poussière et éventuellement des petites herbes logées dans son pelage. Ses fines oreilles noires se mirent au plus haut de son crâne et sa queue vint se courbée à son bout alors qu’elle frôlait le sol délicatement. Il s’avança en une marche légère vers sa compagne puis passant à son niveau il lui fit d’une voix joueuse qui tournait vers le dramatique à sa dernière phrase :

- Très bien, très bien, vu que madame se montre tellement charmante et délicate, je viens. Comment puis-je refuser une telle offre ? Qui suis-je pour ne pas me plier aux ordres de ma lieutenant après tout ?

Souffle Brumeux continuait de fixer sa compagne de ses orbes pétillantes, son sourire charmeur montant presque au niveau de ses oreilles. Plume de Chouette détourna cependant ses prunelles bleues pour les poser sur un autre chat également présent dans le Camp de la Pluie. Le mâle fit une petite mou discrète, frustré de ne pas avoir l’attention exclusive et totale de sa féline brune. Il n’avouerait jamais son côté jaloux à la chatte, mais était bien conscient de son existence. Il dressa alors ses fines oreilles, les laissant tressaillir doucement à l’entente de bruits suspects. Il eut à peine le temps de voir le mouvement de queue de la lieutenante qu’elle détala vers la source du bruit à une vitesse plutôt impressionnante.
Le félin fit glisser son regard gris vers la chatte qui vomissait avec peu de délicatesse en plein centre du Camp, mais ses yeux fixaient davantage sa femelle que la malade. Elle s’activa à signaler le problème à la guérisseuse, disparaissant dans le buisson verdoyant comme un éclair. Souffle Brumeux fronça légèrement ses sourcils, son sourire se fanant progressivement de ses babines cendrées. Il tourna sa tête vers un guerrier non-loin, les deux échangèrent un regard sérieux rongé par la curiosité. Que ce passait-il ? Et visiblement ils étaient plusieurs à se poser la question puisque la moitié des chats présents fixaient avec insistance l’entrée de l’antre de la guérisseuse et l’autre moitié la femelle au sol. Personne n’osait s’approcher de la féline de peur qu’elle soit contagieuse.
Souffle Brumeux décida de tout de même vérifier si elle respirait toujours, mais à peine eut-il le temps de poser une patte devant l’autre que Plume Chouette émergea d’entre les feuilles, la guérisseuse sur les talons.

Il s’arrêta donc et observa la scène silencieusement, veillant à rester suffisamment proche si un problème venait à surgir. Son sang semblait bouillir sous sa peau, l’envie de simplement se précipiter pour écarter sa femelle de cette chatte malade lui rongeait les os petit à petit. Cependant il resta droit, laissant Plume de Chouette effectuer courageusement son rôle de lieutenante. Mais éventuellement la guerrière rendit l’âme en vue du regard que faisait les deux chattes à ses côtés. Ses oreilles imitèrent automatiquement le mouvement de ceux de sa compagne, mais pas par tristesse vis-à-vis de la perte d’un des leurs, plutôt par le fait de savoir que la maladie était mortelle et que sa femelle avait été presque en contact avec la souffrante.
Une conversation basse émergea entre les deux femelles, et lorsque le félin vue la lieutenante prendre des plantes aux couleurs suspicieuses pour vomir par la suite, son pelage s’hérissa en une fraction de seconde. Il se précipita dans sa direction en une impulsion de ses pattes postérieurs, mais la guérisseuse coupa son élan brutalement en se plaçant en face de lui. Il émit un léger grommellement mécontent, s’empressant de la contourner, mais elle se mit une nouvelle fois en travers de son chemin. Elle lui expliqua brièvement la situation et lui demanda si il avait manger un de ces deux animaux. Le félin secoua sa tête en signe de négation, le bout de sa queue frémissante sous la pression. Il jetait souvent des regards vers Plume de Chouette pendant la conversation qu’il avait avec la soignante. Se fut finalement la chatte elle-même qui le rejoignit, dévalant ses mots sous la panique :

-  As tu eut des maux de ventre ? C'est pour cela que tu gémissais il y a quelques instants ?

Le chat secoua sa tête de la même manière que précédemment, répondant en simultané d’un petit ‘Non’. Il compris bien vite que c’était vain de développer une meilleure réponse puisque la chatte passa à l’action et commença à l’examiner de partout. Il la laissa faire, un léger sourire amusé revenant sur son visage lorsqu’il la regardait lui tourner autour. Enfin elle termina son inspection et se mit à se frotter à lui dans une recherche se réconfort. Le chat répondit directement, frottant son museau contre sa fourrure brune dans une démarche affective, un très léger et lointain ronronnement fit vibrer ses cordes vocales.
Finalement, la chatte se tourna et détala vers le tas de gibier pour le trier des proies potentiellement infectées. Le matou laissa s’éteindre complètement son ronron, il détestait faire se bruit, le trouvant ridicule venant de lui, le faisait que très rarement et accidentellement. Il enjamba un rocher et entreprit d’aider Plume de Chouette à nettoyer le tas des dangers. Après quelques minutes, le tas était devenue une misère d’animaux morts. Le félin aurait pu rire tellement c’était ridicule mais se retint par respect pour sa femelle, la regardant du coin de l’œil alors qu’elle s’approchait de lui.

- Nous devons vraiment partir chercher, mais on ne touche ni aux souris ni au poisson, c'est clair ?

- Oui, allons-y.

La réponse simple et efficace, le guerrier se plia sans hésitation aux mots de la féline, lui offrant au passage un petit sourire se voulant réconfortant. Pas de malice, pas de provocation, juste du soutient. Il ouvrit donc le chemin en sortant du Camp des Pluvieux en premier, son pas à mi-chemin entre la marche et le trottinement. Lorsque la chatte fut à ses côtés, le chat ralentie légèrement tout en gardant son regard sur le chemin, ses oreilles s’orientant cependant vers elle pour lui prouver son attention.

- Plume de Chouette.

Avait-il dit d’une voix sérieuse, employer l’intégralité du nom de la féline sortait étrangement de ses babines cendrées. Il finit par glisser ses prunelles grisées sur sa lieutenante, sa tête se tournant vers elle pour que leur regard se plonge l’un dans l’autre sans jamais s’arrêter de marcher.

- J’aimerais que tu évites de trop t’approcher des chats malades. C’est peut-être seulement alimentaire mais je ne veux pas que tu prennes de risques inutiles.

Il n’attendait pas une réponse à vraie dire, déposant ses paroles à la féline comme des faits. Reposant son attention sur la route, il accéléra progressivement pour se diriger vers les marécages à l’est du territoire. Le Marais Aqueux était un endroit stratégique pour trouver d’autres types de proies ; canard, oie, grenouille, rat, le choix était varié. Cependant on pourrait penser que le lieu était inadapté pour passer un bon moment, mais le marais des Pluvieux était loin d’être sombre et lugubre. Les branches des arbres laissaient passer une lumière douce, effaçant le côté agressif des rayons du soleil tout en préservant la beauté des reflets de l’eau et la chaleur agréable. Et Plume de Chouette aurait bien besoin d’un petit bain pour se revigorer, pensa-t-il malicieusement en continuant son chemin.

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'Chasse' :

Le Marais Aqueux pouvait maintenant se voir à l’horizon alors que les deux chats marchaient d’un pas rapide mais assez léger et discret, dans l’optique de ne pas attirer l’attention de prédateurs ou au contraire effrayer les proies potentielles. La végétation semblait vouloir engloutir l’environnement voisin. Les arbres ouvraient leurs branches comme pour masquer l’astre azur, plongeant une bonne partie du lieu dans l’obscurité. Quelques rayons venaient se fracasser dans l’eau et refléter leur lumière sur des troncs et des roches mousseux. L’eau submergeant le sol constamment au point où la terre alentour devenait pâteuse et boueuse, laissant voir le traces de pas de tous les animaux qui y était passé dernièrement. Et enfin de larges racines épaisses sortaient du sol comme des serpents replongeant dans le liquide trouble la tête la première.
Les deux chats s’approchèrent de plus en plus et c’est à cet instant que Plume de Chouette ralentit doucement, ce qui attira l’attention de son compagnon immédiatement. Souffle Brumeux avait veillé à ralentir son pas pour garder le rythme imposé par sa femelle, ses deux oreilles orientées vers sa direction avec attention alors qu’il l’écoutait parler :

- Je sais que ça ne te ravie pas que je me sois approchée de Écaille de Tortue tout à l'heure. Mais je reste la lieutenante de ce clan, et c'est dans mon devoir de protéger les membres de ce clan, toi comme n'importe quel autre. Je suis convaincue que c'est purement alimentaire. Notre guérisseuse est également de mon avis ! Donc non je ne peux pas rester de côté alors qu'une si grosse catastrophe vient de tomber sur le clan.

Le félin regarda la femelle s’éloigner à toute allure vers de larges racines enroulées les unes sur les autres. Il émit un léger soupir, l’air frai s’échappant de ses babines cendrées pour montrer son exaspération discrètement. Son mouvement avait fait automatiquement se fermer ses paupières dans une fluidité d’émotion. Il les ouvrit donc de nouveau, ses deux orbes vertes grisées se posant directement sur sa compagne qui semblait traquer un canard au loin. La chasse avait commencée pour les deux chats du Clan de la Pluie.
Ainsi le félin noir et beige entreprit de sauter sur une racine, ses griffes sorties afin de mieux se réceptionner et d’éviter de chuter. À l’instant où ses pattes rencontrèrent l’écorce humide et mousseuse de la racine, les prunelles du matou repérèrent un autre canard, plus petit que celui que sa femelle. Ses pupilles de jais se rétrécirent rapidement, alors que le bout de sa queue se courba sur elle-même comme une spirale. Il se mit alors à marcher à pas presque flottant pour s’approcher sans faire un bruit de l’animal qui était allongé sur un rocher. Souffle Brumeux traversa ainsi l’eau, sauta agilement d’une racine à une autre en gardant ses sens en alerte. Il arriva sur une épaisse racine juste à côté de la pierre du canard qui baignait dans les rayons clairs du soleil. Le guerrier fit encore quelques pas vers la proie, ses oreilles hautes sur son crâne et son souffle lent. (lancé de dé) Finalement il bondit agilement sur le canard, lui tombant en plein dessus se qui sonna l'animal. Cependant le félin glissa sur la pierre humide en voulant mieux se positionner sur la canard, et la proie en profita immédiatement pour tenter de détaler vers l'eau froide du marais. Le mâle n'était absolument pas de cet avis et se remit d'un bond sur ses pattes pour attraper l'oiseau par les plumes de sa queue. D'un coup sec de sa tête, le chat ramena brutalement celle-ci sur le rocher avant de se précipiter pour l'achever d'un coup de crocs bien placé.

Le chat redressa ensuite sa tête pour essayer de retrouver sa compagne, la bête morte allongée entre ses pattes beiges. Il ne la croisa pas, étant en contrebas sur le rocher caché par les hautes racines du Marais Aqueux. Le félin entreprit donc de remonter sur les racines mousseuses, attrapant le canard entre sa mâchoire pour le porter, heureusement qu'il était plutôt petit en taille afin de faciliter le transport.

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'Chasse' :

Souffle Brumeux était remonté sur les larges racines dansantes, sa proie toujours précieusement logée entre ses mâchoires. La brume s’était épaissie avec l’écoulement du temps, chose tout à fait habituelle dans les Marais Aqueux, mais pas moins handicapante pour retrouver son chemin ou ses compagnons de chasse. Et ici pour le coup, sa femelle.
Les oreilles du mâles se relevèrent à leur apogée avec le petit cri plaintif de chatte, distinguant sa voix avec aise à travers les grincements de l’écorce et les sifflements des plantes marécageuses. Il se mit alors à suivre les appels en serpentant discrètement et agilement dans le lieu sauvage.

Le guerrier finit par apercevoir entre les nuages de brume le dos de sa compagne qui attendait patiemment au lieu de départ de la chasse. Elle semblait si concentrée, attendant son retour comme une bonne petite femelle inquiète. Il disait ça dans sa tête avec une voix moqueuse et mesquine, mais le mâle ne se voilait pas la face, il donnerait sa vie pour Plume de Chouette. Il donnerait même sa place dans le Clan des Étoiles à la femelle, sans hésitation.
C’est avec toutes ses pensées d’amour que le félin déposa avec une discrétion parfaite sa proie, bien lotit dans un des creux formés dans les grands arbres présents. Et sans la moindre hésitation sauta sur la même racine que la lieutenante, juste derrière elle, et cria :

- Ahhh !

Qu’est-ce que l’amour sans un peu de frayeur ?

Plume de Chouette n'eut pas la réaction espérée, serait-ce l'habitude aux coups bas et jeux de son compagnon ? Ca en était presque dommage, mais à la fois plutôt impressionnant. La queue qui fouetta son museau le pris par surprise, cependant ce n'était pas spécialement inattendue de la part de la lieutenante.

- Tu n’as donc que ça à faire ? Le gibier a du partir se réfugier, déjà qu’il n’y en avait pas beaucoup de sorti ! Espèce de cervelle de souris ! Si tu n’es pas capable de te tenir, rentres au camp !

- Relax ! Fit le félin avec un petit rire moqueur, venant s'assoir avant d'entourer ses pattes de sa queue. On a déjà eu une proie chacun et le soleil est au plus haut, dooonc il faut rentrer.

Le matou gris et beige vint frotter son museau contre la joue de la femelle dans un geste affectif un peu désolé, mais ça ressemblait presque à de la provocation. Il se mis alors à ronronner plutôt bruyamment pour détendre l'atmosphère et se faire pardonner plus vite, ça marchait généralement bien.
Malheureusement, on ne pouvait pas avoir de la chance à tous les coups car le mâle reçut de la terre humide en pleine figure en réponse. Il leva ses prunelles vertes au ciel, soupirant doucement avant de secouer sa tête de droite à gauche pour chasser la poussière coincée dans sa fourrure.

Le guerrier se releva en appuyant sur ses pattes, fit volte-face rapidement puis sauta sur sa précédente racine afin de récupérer sa proie en question. Celle-ci sécuriser dans sa gueule, il trottina jusqu'à revenir aux côtés de la femelle. Lui lançant un de ses regards mesquins caractéristiques, le félin lui fit un signe de tête en direction du camp.

- On rentre du coup ?