Boule de Soufre rodait aux alentours de l'entrée du clan. Il se sentait... enfermé. Comme s'il avait des racines aux pattes et dans le ventre, cela le labourait. C'était l'heure où le soleil était le plus haut de le ciel, il allait s'ennuyer à mourir, puis viendrait l'heure du partage. Sur le coup, il n'aurait pas faim et ferait semblant de manger et plus tard dans la soirée, il se mettrait à avoir très faim.

Pelage de Primevère le surveillait encore, mais elle ne s'occupait plus beaucoup de lui. Enfin, elle ne lui faisait plus sa toilette. S'il avait toujours cru ne pas aimer cela, maintenant, il ne se sentait pas très propre, comme si ses poils dehors montraient ce qu'il ressentait dedans.

Il redressa ses oreilles dorées en voyant une ombre grise s'isoler, venant vers lui. Le chaton s'éloigna de l'entrée du tunnel et fit mine d'être absorbé par une boule de mousse lorsque le lieutenant passa à proximité.

Ses trippes s'enserent, un frisson lui givra le dos qui s'enraidit, un des guerriers les plus puissant du clan, les plus dangreux. Peut etre presque aussi dangereux que Coeur de Lionne. Dès qu'il eut franchit l'entrée du tunnel, Boule de Soufre lui emboita un pas de velours. D'ennui, il s'était entraîné à ne pas faire de bruits en marchant dans la neige, cela fonctionnait certain jours. En cet instant, l'adrénaline le rendait sourd et il ne su s'il était discret, il s'élança et lui sauta dessus par derrière, sans un son. Ses griffes étaient complètement rentrées mais il serra assez fort la fourrure grise entre ses crocs tout en essayant de le pousser du poids ridicule de son corps.
"Tu es à la merci de Tigre de Soufre, impitoyable lieutenant de la terre." marmonna-t-il la gueule pleine de poil.

"Tu es surtout à la merci de la poussière, jeune rejeton. " Le petit relâcha la patte de Coeur de Coyote, vexé. Sa technique était pourtant magistrale. Il n'était plus un bébé maintenant. il venait de fêter ses cinq lunes, c'était Pelage de Primevère qui lui avait dit et dans une lune encore complète, eh bien, il deviendrait un guerrier. Enfin, presque.
Ne devrais-tu pas rester proche de la pouponnière pour éviter d'être dans les pattes des guerriers ?

"- quoi?!" s'exclama-t-il, outré. Mais ce n'était pas possible d'être lieutenant et de ne pas voir qu'il y avait un pur tigre en lui. Il avait envie de l'attaquer, de l'écraser. Mais il n'y arriverait pas, car Coeur de Coyote l'ignorait complètement. Lui, il ne lui faisait pas peur comme Coeur de Lionne, mais si ça se trouve il était tout comme elle au fond. Il tourna la tête vers le camp. Non, il ne voulait pas rester bien sage dans la pouponnière où personne ne le voyait où hors de la pouponnière, où Coeur de Lionne pourrait le punir.

"tu vas voir si je suis un vulgaire bébé qui doit disparaître!!"
Et utilisant son avance dans le tunnel, il démarra en trombes. Ces dernières lunes, il avait beaucoup gagné en vitesse. D'instinct, il rentra tout de suite dun un tronc creux où aucun adulte ne pourrait l'attrapper, lorsqu'il en ressorti il arriva sous le couvert de ronces, déplumées par la saison des neiges mais tout de même efficace. Il était assez pas pour que sa fourrure ne soit pas prise dedans. Il eut l'impression de pouvoir courir plusieurs minutes. Ce n'était pas agréable comme quand ses adultes préférés l'emmenaient hors du camp, mais là, il sentait le feu lui monter dans les trippes et lui réchauffer le sang. Tout d'un coup il tomba nez à nez avec un chat. Qu'il n'avait jamais vu! Ce n'était pas Coeur de Coyote.

Surprit il se retourna en direction de son camp, fixa l'inconnu, se tourna encore en direction de son camp, sans trouver quoi dire.