Boule de Soufre regardait avec un intérêt fondamental ses pattes. Il lui semblait, parait-il, qu'elles avaient grossi! Bientôt, elles seraient aussi grosses que celles de sa mère! Ce qui était vraiment trop fort. Il se sentait grandit de manière générale : depuis qu'Etoile de la Grenouille l'avait laissé sortir du camp avec elle, Pelage de Primevère le laissait jouer plus librement dans le clan. Il lui avait promit qu'il ne passerait pas la sortie du camp, parole de chasseur de flocons!

Ce n'était pas tant pour ne pas rompre sa promesse qu'il ne le faisait pas, mais parce que tout seul, ce n'était pas drôle du tout. Il étira ses griffes et fixa de son promontoire de roche de deux queues de renards de haut l'entrée du camp. c'était l'heure où tout le monde allait rentrer et il comptait bien leur sauter dessus. Le chaton entendit un galop léger et rythmé foncer vers lui. Qui était ce?!

"Nuage d'Abeilles!" la reconnut-il.
Ces derniers jours, tout le monde avait parlé d'elle. Enfin, presque tout le monde. Une étreinte glacée lui saisi les côtes, comme la première fois. Comme lorsqu'elle s'était battue et qu'elle avait perdu. La petite boule de poil se précipita vers l'apprentie. Il n'y avait plus l'odeur du sang sur elle, mais il choisit de s'en assurer. Sans la saluer d'avantage, le petit passa sous ses pattes et alla renifler avec intérêt là où la chatte crème s'était vue lacérée. Les plaies avaient séché. Il glissa ses moustaches dessus et éternua de suprise au contact des frais pansements constitués de toile d'araigné.

"Ton ventre a toujours été comme ça ou il est entrain de repousser?!"

- Ne l’attaque pas bonhomme !
Boule de Soufre la fixa, dubitatif, pourquoi l’attaquer ? ça n’avait pas l’air bon du tout. Il s’avérait que c’était une araignée. Le chaton agita ses vibrisses, intrigué.

« C’est ce tout petit machin là qui a fait tout ton faux ventre ? » demanda-t-il, plutôt impressionné. Boule de Soufre s’applatit au sol lorsqu’elle avança sa tête vers lui et fut surprit de sentir sa truffe se poser doucement sur sa tête. Le chaton se demanda s’il devait faire pareil avec l’araignée, mais pour tout dire, ses innombrables patte et sa tête bizzare l’inquiétait un peu, elle semblait avoir des dents.
« des petits oiseaux nains tu veux dire ? » Né au début de l’hiver, le chaton n’avait pas eu l’occasion de voir beaucoup d’insecte. Néanmoins, cela l’interessait de se dire que les araignées soignaient et que leurs version volante fabriquaient des fleurs. La chatte saisie entre ses crocs un pissenlit qui avait bravement poussé malgré les gelées hivernales. Le petit mâle doré souffla de toutes ses forces, des morceaux de fleur décollèrent en milles éclats.

« WHOUHOUHOU !!! » accompagna-t-il l’envolée. Vite vite vite ! Il accompagna ses dires de petits bonds à la verticale. Mais il n’arriva au final, pas a en attraper beaucoup. « ils sont trop rapides !! » se plaignit il, ses oreilles touffues retournées en arrière.
« Comment tu sais tout ça ? » questionna t il.

Nuage d’Abeilles bascula sa tête à gauche ce qui amusa beaucoup Boule de Soufre, d’un mouvement un peu pataud, il essaya de lui tapoter les vibrisse mais les loupa.
Des chats plus grands que moi, qui savaient, m’ont tout raconté. Un jour, ça sera à ton tour de m’apprendre de nouvelles choses…
Le chaton se mit debout sur ses pattes arrières, cela lui permit d’atteindre en hauteur la truffe de la féline. Il s’étira un peu pour essayer de la dépasser mais n’était pas assez grand. Il éleva alors sa patte avant gauche tout en se servant de la droite pour maintenir son équilibre sur l’épaule de Nuage d’Abeilles.
Tu crois que j’arriverai aussi haut que ça ?J’aimerai bien. Apprécia-t-il, pressé de grandir. Mais il n’était pas certain que cela fut possible, car on lui avait dit plein de fois qu’il avait des petites pattes alors que l’apprentie avait des pattes relativement interminables.

- Surtout maintenant que tu ressembles à un grand félin, avec ta crinière blanche sur le museau !
Le chaton se rengorgea et arrêta de souffler par la truffe, pour être certain que les petits éclats de fleurs ne se décrochent pas.
Nuages d’Abeilles commença à faire ses griffes sur le tronc. Boule de Soufre eut envie de faire la même chose mais savait que les vieux aimaient mieux qu’on les regarde faire plutôt que faire avec eux. Il la regarda alors, avec un air admiratif, c’était bien, ainsi, il ne risquait pas de perdre ses bouts de fleurs qui le rendaient fort comme un tigre.
Choqué, il vit apparaitre une forme bizzare mais qui ressemblait à quelque-chose sur le tronc. « c’est, c’est toi qui a fait ça ? »

C’était fou. Il regarda la forme, se demandant si elle allait prendre vie et s’envoler mais non. Elle ne bougea pas. C’était des traces de griffes qui donnaient une forme.
« j’aime bien, c’est joli. Je veux en voir en vrai. » aquiesça t il, comprenant lentement ce que cela voulait dire, un dessin. « par contre, tu as des taches, pas des rayures. » constata-t-il, les yeux plissés. Il essaya de graver par-dessus la gravure mais n’y parvint pas. En plus, il n’avait pas envie d’abimer la belle abeille de Nuage d’Abeilles, si ça se trouve, elle finirait peut être par s’envoler. Il griffa le tronc jusqu’à réussir à l’entailler. Ceci fait, il fit un carré loupé dont les bouts ne se rejoignaient pas.

« euh, euhhhh. » fit il, sans comprendre ce qu’il n’arrivait pas à faire. Il retenta, mais n’arrivait pas à faire se toucher les traits entre eux.