La lune était maintenant au plus haut dans le ciel, illuminant d'une lueur menaçante la forêt qui s'étendait à perte de vue. Il faisait froid et l'air était pesant pour une nuit de saison des neiges. La brume qui engloutissait le sol et grimpait le long des troncs était un parfait camouflage.
Veuve Noire le savait et l'utilisait déjà à son avantage tandis qu'elle filait entre les herbes hautes et les sol rocheux de ce territoire. Suivant méticuleusement les odeurs qui se répétaient depuis des lieux derrière déjà, la féline savait que cette senteur appartenait à un Clan.

La chatte finit par arriver en face d'une large combe, semblant profonde et recouverte d'un pelage de neige blanc. Sûrement très verdoyant et riche de plantes dans une saison différente.
Elle s'aventura sans hésitation dans une des entrées, et tomba directement sur la foule de chats endormis. Les grands s'entassaient à un endroit, les petits à un autre, c'était organisé. Son regard d'ambre séveux tomba directement sur la silhouette isolée qui dormait à point fermé, située dans une sorte de fente dans la parois.

Ces chats dormaient la nuit et vivait le jour. Elle était grandement avantagée.

Son odeur n'alarma pas, ayant pris le soin de se rouler dans les effluves de ces félins de Clan. Sa silhouette ne donnait pas de signal non plus, étant aussi noire que l'environnement. Cet atout en tête, la femelle se glissa le plus discrètement possible vers cette fameuse crevasse. La chatte y dormant semblait importante.

Elle passa proche d'un large chat noir et blanc qui était réveillé, se préparant sans doute pour une patrouille nocturne avec un autre mâle au pelage gris rayé de noir.

Finalement, elle pénétra sans grande difficulté dans l'antre terreux, c'était surprenant la facilité qu'elle avait eu à venir jusqu'ici. Les chats de Clan sont trop peu précautionneux lorsque la lumière du soleil les quitte, pensa la féline. Sans attendre, elle posa ses deux pattes à même la gorge de la siamoise endormie. Griffes rentrées, elle posait juste son poids pour lui couper l'air, ses grands yeux scrutant le visage de celle-ci.

- Bonsoir, tu dois être la meneuse d'ici. Chuchota-t-elle son oreille.

La lune était haute dans le ciel, Étoile de la Grenouille revenait d'une patrouille de nuit, fraiche comme un gardon. Enfin, ça c'était avant de rentrer dans sa tanière et de s'écrouler sur sa mousse toute sèche et toute plate. Aucun confort, mais elle ne trouvait jamais le temps de la changer, jugeant que ça pouvait attendre un jour de plus, une nuit de plus. Ses pensées tournaient et tournaient dans sa tête. L'arrivée de Tocade dans sa forêt ne lui plaisait pas et la meneuse était encore sous le choc de sa dernière rencontre avec le domestique. Deux vies ! Elle avait perdu deux vies ! Aux abords de son territoire, elle avait repéré une odeur étrangère : il y avait deux chats et ils ne venaient pas de la ville. Peut-être venaient-ils par-delà le territoire des Nuages et des Flammes ? Cela ne correspondait pas, l'odeur était trop différente, elle se serait estompée avec l'effluve des autres clans.. Étoile de la Grenouille n'y comprenait rien, c'est comme si ces deux félins étaient apparus d'un coup d'un seul. Pour une fois cependant, elle laissa couler, se laissant guider dans le monde du sommeil. Venait-elle de faire le bon choix en s'endormant ainsi ?

Non. Car voilà qu'un poids venait lui écraser sa gorge avec la ferme attention de lui couper la respiration. La siamoise ouvrit les yeux et rencontra, dans le noir, ceux grands ouverts d'une autre femelle. Cœur de Lionne ? Ça ne pouvait pas être elle, elle n'était pas stupide à ce point et ses yeux n'étaient pas ambrés. Soufflant du nez avec rage, il ne fallut pas longtemps à la meneuse de la Terre pour se défendre et se défaire de l'emprise de l'autre. Poussant sur les pattes arrière de la guerrière adverse pour la faire reculer, Étoile de la Grenouille se releva alors rapidement, grondant et gonflant son court pelage.

Elle reconnut l'odeur, c'était la même que plus tôt ! Cette féline était venue dans SON camp, SA tanière et avait tenté de l'assassiner ? Elle ne s'en tirerait pas indemne. C'est quoi tous ces chats qui veulent me tuer ? La meneuse sortit les griffes avant d'écraser avec haine sa patte sur le petit visage de la femelle avant de pousser sur ses pattes pour venir percuter le poitrail de son adversaire qui flancha un instant (1) Attrapant alors la peau du cou de la plus petite, Étoile de la Grenouille commença à la trainer (2), sans aucun tact, en dehors de sa tanière et jusqu'au milieu du clan.

"Debout !, tonna-t-elle d'une voix forte à l'intention de son clan. Pas toi"

La siamoise cracha ses mots avec venin avant de poser à son tour ses deux pattes sur le poitrail de l'intruse pour l'empêcher de bouger. Fixant avec colère les yeux verts de l'autre guerrière, elle attendait avec impatience que son clan vienne la rejoindre. Sa queue fouettait l'air d'irritation. Si son clan ne venait pas à elle, cela ne l'empêcherait pas de remettre cette petite à sa place.

Veuve Noire se fit pousser plutôt brutalement, mais se décala sans mal pour faire face à la femelle siamoise. Le coup de patte qui s'écrasa contre sa mâchoire fut cependant une surprise, la cheffe avait un temps de réaction meilleure que ce qu'elle imaginait. Puis la chatte noire se fit trainer dans la poussière et la neige boueuse hors de la tanière, avant d'atterrir au centre du Camp.
Elle gardait un air calme mais le froid qui engloutissait sa fourrure était désagréable, venant se creuser un chemin entre ses poils pour toucher sa peau.

Le féline ne put pas se relever directement, deux grosses pattes venant la maintenir couchée. Elle releva donc de larges iris ambrées vers la cheffe, ses yeux brillaient dans la nuit comme deux soleils.
Un temps de silence passa où Veuve Noire ne se débattit pas, se contentant de percer de ses yeux la meneuse. Le Clan d'ici se réveillait au fur et à mesure et la petite chatte laissa bien le temps aux guerriers de sortir de leurs tanières avant d'agir. Elle allait montrer à ces félins ce que ça faisait de voir leur cheffe manger la neige qui tapissait ce territoire.

- Je constate que tu as du mordant pour un chat de la vallée. Miaula-t-elle, avant de baisser sa voix d'une octave en ajoutant : Mais je vais te montrer ce qu'un vrai enfant d'Etoile peut faire.

Décidant que c'était enfin le moment d'agir, Veuve Noire passa à l'attaque en usant de son agilité et de sa vitesse. Elle roula sur elle-même pour se déloger et glissa sur le côté entre les pattes antérieurs et postérieurs de la féline. Puis planta toutes griffes sorties, ses deux pattes dans les flancs de la cheffe pour se hisser sur son dos en laissant ses traces rouges sur son passage (1).
L'utilisant comme un mur à escalader, elle finit sur son dos et arracha avec ses crocs le plus de chair qu'elle puisse au niveau de sa colonne vertébrale exposée. (2)
Elle se pencha alors vers l'oreille de cette dernière pour lui dire :

- Dit moi ton nom, petite meneuse, avant que je ne te découpe comme une proie devant tes semblables.

Veuve Noire put voir du coin de son œil une petite femelle au pelage beige se faufiler derrière une roche plus loin. Sa vision nocturne était bien meilleur que tous ses félins de la vallée, ainsi que tous ses sens en général. Personne ne pouvait lui échapper, c'était connu. Mais il fallait bien voir que quoi était capable ce nouvel individu.
La femelle continuait ainsi son assaut envers la meneuse d'ici, le goût du sang réveillant ses papilles et son odorat, c'était comme une proie entre ses mâchoires.

La petite clanique de tout à l'heure refit enfin surface, bondissant avec tout son courage sur son ennemi pour l'agripper à la nuque. Le coup était bien placé et fit chuter la sombre araignée, mais la technique était pâteuse, maladroite. Une apprentie, conclut aisément Veuve Noire alors qu'elle s'extirpait des griffes de la plus jeune.

"Qui que vous soyez… Et quoi que vous vouliez… Vous devrez d’abord me passer sur le corps." Miaula la dernière arrivante en s'arrêtant en cours de phrases, la haine dégoulinait presque que sa gueule.

- D'accord. Voyons ce que tu es capable de faire. Répondit directement la chatte avec une honnêteté aussi claire que l'eau de roche.

Passer d'un adversaire à un autre était quotidien pour la petite féline de jais, ses réflexes étaient vifs, ses coups létaux, et sa logique infaillible. Jouant ainsi sur son expérience beaucoup plus élevé, Veuve Noire fendit l'air comme un éclair à l'instant où l'apprentie posa ses yeux sur la cheffe derrière, déviant sa précieuse attention une seconde de trop.

Elle se baissa au dernier moment, croisant le regard de cette dernière, pour planter des crocs tranchants dans la gorge de son ennemie tout en sautant vers le haut. (1) La cinétique de son côté, cela souleva la beige qui décolla du sol neigeux avant de la plaquer avec violence par terre. Leur corpulence plutôt similaire lui permis d'effectuer l'action avec succès, elle n'aurait pas réussis à faire ça avec la plus grande siamoise.
Pour finaliser en beauté de 'passer sur le corps' de la jeune apprentie, Veuve Noire planta deux pattes griffes sorties dans le ventre dorénavant exposée de cette dernière pour laisser des traces de son passage. (2)

Elle se retira bien vite pour éviter tout assaut venant de derrière de la cheffe de ces lieux. Se faire trainer au sol en plus du coup de croc était stimulant mais piquait légèrement de là où un liquide rouge faisait surface sous son pelage. Ce Clan n'était certainement pas le plus mauvais des quatre, des attaques puissantes mais un égo et une confiance en soi trop élevée pour des capacités moindres.
Bondissant plusieurs fois pour atterrir sur un rocher plus large qui se situait dans un endroit du Camp qui l'empêcherait de se faire attaquer de nouveau, la féline s'assit pour regarder ses chats qui s'agglutinaient maintenant plus bas.

- Il est vrai que vous faire manger la neige dans votre propre Camp est une bonne distraction, mais passons aux choses sérieuses. Commença-t-elle de sa voix suave, une voix de chatte mûre dans un corps d'apprentie. La chatte qui vient de vous rappeler votre place s'appelle Veuve Noire. Maintenant qu'on se connait, votre Clan, lequel est-ce ?

Boule de Soufre ouvrit subitement les yeux, il se passait quelque-chose. La reine proche de laquelle il dormait dans la pouponnière s'était levée et regardait par le trou de l'antre. Elle se retourna dans sa direction, le petit mâle ferma les yeux, faisait mine de dormir. Habituellement, au réveil, il a envie de chahuter, mais aujourd'hui quelque-chose l'en empêchait. Il voulait rester immobile, sans faire de bruit et essayer d'avaler les espèces de racines invisibles qui lui encerclaient la gorge, lui donnant le souffle court et le ventre aussi enserré comme quand on rigole avec les copains et qu'il y en a un qui vous saute sur le flan et que toute l'air sort d'un coup.

Le mouvement rapide de la reine marron pour s'assurer que tous les petits étaient là lui redonna de l'élan tout en achevant de l'angoisser tout à fait. Un petit se mit à gémir et réclama toute son attention. Alors, à tous petits pas de souris, le chaton crème se faufila vers la sortie de la grotte.

L'air lui glaça les moustache et il ne voyait vraiment rien dans le noir. Mais il entendait, des mouvements rapides et des cris qui n'étaient pas des cris d'excitation ou de jeu. C'était des bruits qui faisaient mal à la tête et se relever les poils du dos. Par contre, la meilleure odeur d'entre toutes lui vint rapidement. Redressant la queue, il bondit sur la petite couche de neige, sa mère n'était pas loin. Nouveau bond, la couche blanche se fit bien plus haute et il s'y enfonça jusqu'au coup. Poussant un miaulement de suprise, il commença à s'agiter pour se dégager avant de comprendre qu'il devait bondir par dessus. Au troisième essai, il sauta avec toute la force dont il était capable et atterit plus loins. Boule de Soufre aurait aimé appellé sa mère mais il n'y avait pas son qui voulait sortir de sa gorge, les racines de poitrine y etaient beaucoup trop ancrées.

Les bruits qui suivirent le firent tomber en arrière de frayeur : une chatte inconnue noire avait sauté sur une connue, crème. Les deux avaient la même taille mais la première ne ressemblait presque pas à un vrai chat tant son expression était étrange. Boule de Soufre cessa de chercher sa mère pour se rapprocher, ses yeux s'habituaient à l'obscurité et il commença à sentir une odeur metallique, un peu la même que celle du sang des souris qu'il mangeait depuis une semaine déjà. La fourrure complètement hérrissée, il s'applati au sol en voyant la noire s'éloigner. Une fois qu'elle fut en haut des roches, le petit reprit son chemin à petits bonds pour essayer de rejoindre l'apprentie qui sentait le sang.

"Qui que vous soyez… Et quoi que vous vouliez… Vous devrez d’abord me passer sur le corps."

Par le Clan des Étoiles ! Nuage d'Abeilles venait d'attaquer l'intruse. D'abord fière, la meneuse sentit son sang se glacer dans ses veines lorsqu'elle que la guerrière noire fendit l'air pour venir planter ses crocs dans la gorge de la petite pour ensuite la plaquer au sol et marteler son ventre. Étoile de la Grenouille reprit ses esprits, les larmes aux yeux, son apprentie, sa petite Abeilles, cette femelle l'avait massacrée ! Oubliant tous ses précédants entrainements, baissant sa garde, la meneuse se précipita sur son apprentie maintenant à terre tandis que l'intruse s'échappa pour se percher sur un des rochers du clan. 

"Oh Nuage d'Abeilles pardonne-moi, sa voix tremblait. J'aurais du te protéger, j'aurais dû [...]"

La siamoise ne cessait de répéter les mêmes phrases, elle aurait dû attaquer cette femelle, ne pas mettre Nuage d'Abeilles en danger, quel genre de meneuse était-elle ?! Qui allait la soigner ? Allait-elle survivre ? La peur et la honte rendaient ses pensées irraisonnables. Elle sentait son cœur battre à la chamade : coincé dans son poitrail, il tapait tellement vite que ça en faisait plus mal que les griffures de son précédent combat. La meneuse frotta sa tête contre celle de l'apprentie comme elle le faisait assez souvent pour la rassurer. Lorsque la siamoise releva la tête, l'intruse, "Veuve Noire" venait de fermer sa gueule, attendant une réponse à sa question. Elle fixa cette chatte avec fureur, adressant un coup de langue sur la joue de Nuage d'Abeilles avant de se redresser et de se placer au-dessus de cette dernière, elle cracha :

"Déguerpis d'ici !, la colère se redirigea vers les membres de son clan, elle défia du regard chacun avant d'aboyer. Qu'attendez-vous pour la dégager ? Est-ce que Nuage d'Abeilles doit se relever et faire le boulot à votre place ?"

Et alors, Étoile de la Grenouille remarqua une petite boule de poils qui s'avançait vers elle et son apprentie. Elle fusilla du regard Cœur de Lionne, car elle était à elle, cette boule de poils, tout en donnant un coup de tête dans le vent pour désigner Boule de Soufre. La siamoise reporta alors son attention vers Nuage d'Abeilles.

"Ca va aller ma grande, dès qu'elle sera partie, je t'emmènerai voir Doux Nuage ou Nuée Ardente ou j'irais même jusqu'au territoire des Flammes pour trouver Cœur d'Opale s'il le faut. Je ne te laisserai pas comme ça, ma petite abeille, elle chuchota ses mots, se mettant à ronronner pour calmer la plus petite."

Ne pas vouloir se soigner par un ennemi pour préserver son honneur était une chose, mais là il s'agissait de Nuage d'Abeilles, et l'honneur pouvait bien s'enterrer six pieds sous terre.

Boule de Soufre faisait des bonds immenses, dans sa tête. Le monde allait au ralenti, ou alors, c'était lui qui ralentissait. Ou bien il avait froid, cela tétanisait ses muscles. Jamais il n'avait eut froid de la sorte, ni ressenti autant de choses en même, il y a avit un volcan en fusion de ressenti qui lui courraient dans les nerfs et la peau. Encore completement muet de terreur, il se dépêchait juste pour rejoindre l'apprentie crème. La chatte monstrueuse était éloignée et l'autre crème, connue, venait protéger la plus jeune. Au moment d'un effort ultime il se sentit arrêter en plein vol.

"Boule De Soufre ! Qu'est-ce que tu fais là ! Tu vas tomber malade ! Allez hop, vient-là, on va rejoindre ta mère .
- MIIIIIIIIIIIIIIIII!!!!!"

hurla-t-il lorsqu'il décolla du sol, se libérant enfin de toute la panique accumulée et également frustré de ne pouvoir rejoindre le chat de son clan blessé, son instinct le brûlant d'aller là bas sans qu'il ne comprenne pourquoi. Le chaton reconnu l'odeur rassurante de sa mère et fit un petit bond pour aller se blottir contre sa patte. Puis il se retourna vers son oncle, qui lui parla comme à un grand le nommant "petit guerrier". Rassuré maintenant, le chaton commença à prêter une attention plus analytique à la situation, regardant avec admiration son oncle bondir vers l'intruse.

Au loin, son oncle au pelage pâle et flou fondit sur la chatte au pelage presque indicernable dans la nuit pour un combat de fantômes, comme dans les histoires. On lui avait raconté une histoire de guerriers ennemis si féroces qu'ils s'étaient poursuivis jusque dans la mort et se battaient encore. Il avait beau la juger comme être sa légende préférée; le minuscule félin ne l'avait jamais comprise. Eh bien maintenant, il mettait une image sur ce que signifiait cette rage : des sons étouffés dans le noir et le parfum du sang de celui qui est entrain de perdre qui iradie la moindre vibrisse.

"Qu'attendez-vous pour la dégager ? Est-ce que Nuage d'Abeilles doit se relever et faire le boulot à votre place ? "

Ce sont les premières paroles qu'il entendit vraiment de la situation. Il ressenti la solitude, deuxième mot qu'il comprenait ce soir, de leur meneuse. Perdu il regarda alirs sa mère, attendant de voir sa réaction pour l'imiter.

Veuve Noire gardait un regard de glace sur ses félins, balayant le Camp qui arborait maintenant un état piteux. Les chats sortaient de leurs trous pour veiller les blessés ou protéger les leurs, d'autres ne souhaitaient pas bouger. Il était intéressant de voir leur comportement opposé, c'était très différent de là d'où elle venait.
La chatte se demandait par ailleurs comment était les trois autres Clans qu'elle n'avait pas vu. Sa prochaine destination serait la montagne enneigée juste à l'ouest, peut-être auraient-ils plus à lui donner ? Frénésie Carnassière allait sûrement déclarer un combat général et baigner dans le sang comme si il était né dedans.

Son regard ambré se posa sur la meneuse qui commençait à perdre calme et patience, aboyant des paroles crus à son Clan pour se faire respecter. Son rôle semblait délicat et elle avait du mal, peut-être une nouvelle cheffe ou alors simplement une incapable ? Cela faisait peine à voir pour une chatte qui avait autant de potentiel, et la femelle ne fut pas surprise de voir qu'elle et la petite beige était proche.

Elle put voir également la silhouette blanche et noire se déplacer dans le sombre de la nuit. Neige ou pas, le mâle était gros et avait déjà porté l'attention sur lui en intervenant auprès d'un chaton. Ce n'était surtout pas discret la manière qu'il eut de courir avant de sauter, le bruit de ses pas écrasant le manteau blanc avec vitesse raisonnait fort dans la creuse.
Le guerrier fendit l'air pour la percuter, venant planter une mâchoire grand ouverte sur son épaule. Il devait sentir le sang qu'avait laissé ses camarades sur son pelage noir. Encore une fois, Veuve Noire se laissa faire, son corps liquide pour se laisser manipuler à la guise de son assaillant, qui décida finalement de les séparer en la poussant sur le côté.

"Tu es dans Le Campement Du Clan De La Terre. Comme tu peux le deviner, tu n'es pas la bienvenue. Que nous veux tu ? J'espère que tu as une bonne raison de nous attaquer, mais sache que bonne raison ou pas, je te chasserais à coups de crocs et de griffes avec plaisir." Miaula ce dernier.

Bien, c'était tout ce dont elle avait besoin. Pas besoin de s'attarder davantage ici.

- Je te remercie, guerrier. Je ne veux rien de plus.

Veuve Noire se redressa avec vitesse, ses pattes légères malgré le picotement qui grouillait dorénavant autour de son épaule. Elle bondit sur le blanc juste pour lui faire croire qu’elle allait l’attaquer, mais se contenta de l’utiliser comme un rocher. La féline prit par la suite le passage le plus dénudé des membres de la Terre et fila entre eux, comme une proie qui les n’arguerait de ne pas l’avoir attrapé.

- Nous nous reverrons, Clan de la Terre. Dit-elle en lançant un dernier regard par-dessus son épaule sanguinolente, particulièrement vers la cheffe siamoise, puis disparu dans la noirceur de la nuit.

La neige lava le sang sur ses pattes jusqu’à ce que ses traces s’effacent progressivement, elle se laissa aller dans son élément et n’eut pas de mal à ne plus jamais se faire repérer par les potentiels membres qui auraient décidé de la suivre.

Le Clan de la Terre.
Un territoire de forêt et de souterrain. Bien logis dans leur creuse sûrement couvert d'herbes et de mousses.
Des membres forts mais désorganisés et prétentieux, ils ne semblent pas s'entendre. Et une meneuse qui bouille d'une rage profonde, incapable de se faire obéir.

Ils sont voués à s'auto-détruire.

La véhémence des mots de Nuage d'Abeilles firent pouffer la meneuse. Bien dit, ma grande, mais bien vite la peur saisit la gorge de la siamoise. Plus de colère dans ses veines : de la terreur. Nuage d'Abeilles semblait lointaine, ses yeux dans les vagues, elle déblayait une confession magnifique, mais terrifiante car l'apprentie employait le passé. J'étais sa lumière ? Mais je veux continuer de l'être.

"Moi aussi je t'aime, sa voix tremblait."

Nuage d'Abeilles venait de poser sa tête sur la nuque de sa mentor et ses doux ronronnements étaient apaisants, Étoile de la Grenouille craignait qu'ils s'arrêtent soudainement. Ne pouvait-elle pas lui donner ses vies ? L'intruse fut chasser par Plume de l'Ombre, la meneuse lui était entièrement reconnaissante. Crapaud Beuglant se précipita à l'intérieur du camp, suivi de près par ses camarades qui revenait d'une patrouille de nuit. En voyant les grands yeux tristes de sa sœur, le mâle la rejoignit en deux temps trois mouvements. Il fallait faire quelque chose pour Nuage d'Abeilles, sans guérisseur dans le clan, il fallait obligatoirement bouger, mais devait-elle emmener la petite ? Si elle restait au camp et qu'elle mourrait ?! Étoile de la Grenouille ne s'en remettrait jamais. La siamoise ne voyait qu'une issue, amener l'apprentie dans un clan adverse : cela prendrait trop de temps de dépêcher un guérisseur dans un autre clan.

"Nous allons jusqu'au Clan de la Pluie"

Doux Nuage du Clan des Nuages était un bon guérisseur, mais le chemin jusqu'à leur camp était tumultueux. Ensemble, Crapaud Beuglant et Étoile de la Grenouille hissèrent la plus jeune sur le dos de la meneuse, soutenue par son frère. La siamoise se mit à parler -chose qu'elle ne faisait jamais- trouvant tous les mots possibles et inimaginables pour rassurer Nuage d'Abeilles pendant que Crapaud Beuglant, soudainement très sérieux, ordonna qu'on protège le camp en cas de nouvelle attaque.