La meneuse s’était levée tôt ce matin là. Elle savait que les douces chaleurs n’allaient pas durer, et vivre son première saison des neiges en tant que meneuse la terrifiait. C’est pourquoi elle avait mis un point d’honneur à dynamiser et augmenter l’activité des apprentis, pour qu’ils soient prêts au moment des premières neige.

La femelle avait organisé les diverses patrouilles du jour, ordonnée les quelques groupes de chasseurs, puis elle avait demandé aux mentors de s’occuper de leurs apprentis. Étant l’une d’elle, elle n’y échappa pas. C’est pourquoi elle se dirigea vers son chaton pour le tenir informé.

La petite boule de poil qu’elle avait mis au monde se révélait être une vraie souris sous acide. La femelle poussa un ronron amusé lorsqu’il partit comme une furie vers le bord du camp. La femelle le suivit en trottinant, s’assurant avec un dernier coup d’oeil que le camp était en ordre.

Son chaton faisait maintes aller-retours, effrayant certainement tout le gibier du lieu. Mais comment refuser à cette adorable boule de poil de faire ce qu’il voulait ?

Le duo s’avançait de plus en plus vers la forêt des pluies. Le félin commençait à lui donner quelques coups de pattes, jouant avec sa mère, mais celle-ci avançait tout en continuant de ronronner.

Le petit papillon qui volait à ce moment là n’eut que peu de chances face aux griffes acérées de l’apprenti qui le ramena aux pieds de la meneuse.

« - Essayes donc de trouver quelque chose qui pourra nourrir tes camarades ! »

La femelle agita l’oreille, entendant les bruits sourds d’un ruisseau qui s’écoulait proche de là. Elle vit son jeune fils s’en approcher et plonger les pattes dedans. Un vrai pluvieux !

La meneuse lui fit un signe de queue, lui indiquant qu’ils devaient poursuivre leur route. Il ne se fit pas prier, et s’engagea dans la chemin, la meneuse le perdant de vue mais pas d’odorat. Alors, lorsqu’il surgit des roseaux, la femelle n’en fut que peu surprise, mais le joua.

L’apprenti recommença plusieurs fois l’action, changeant seulement de cachette. Ils finirent par arriver au lieu attendu.

Les arbres denses coupaient un peu la lumière du soleil, une bonne chose ça les empêcherait d’avoir trop chaud avec l’entraînement !

La meneuse fit un signe de queue pour que le chaton s’arrête et elle se positionna face à lui.

« - Lynx, tu dois retenir qu’un adversaire de la terre peut surgir des arbres comme d’un buisson. Il faut donc que tu apprennes à les esquiver. Saute moi dessus comme si tu sortais d’un buisson ! »

La femelle se prépara donc à esquiver l’attaque

La femelle s’arrêta devant la question de son chaton. Étaient ils méchants ?

- Tu sais, personne ne naît méchant. Si tu le penses méchant, c’est soit que tu ne le comprends pas, soit qu’il ne te comprends pas.

La femelle balaya la discussion d’un coup de queue et invita le félin à l’attaquer.

L’apprenti recula de quelques pas avant de s’élancer. Puis ses muscles se bandèrent, le projetant dans les airs droit sur elle. La femelle plia ses pattes et poussa sur elle pour rouler sur le côté, la queue entourant ses pattes arrières.

Nuage de Lynx se réceptionna maladroitement, sûrement surpris par l’esquive. Le jeune félin au poil désormais hérissé souffla doucement comme pour se calmer. Il demanda ensuite a la meneuse s’il devait recommencer.

- Recommence et regarde comment j’effectue mon mouvement, ensuite tu essayeras de le reproduire.

La femelle se mit alors en place.

La femelle fit donc signe à son fils pour qu'il recommence. L'apprenti bondit une nouvelle fois, se réceptionna de manière plus adroite. La femelle avait une nouvelle fois roulé au sol, et elle avait volontairement attendu le dernier moment, pour que l'apprenti puisse observer au mieux ses mouvements. Qu'il puisse comprendre sa manière de plier ses pattes, celle d'entourer ses pattes arrière de sa queue, mais aussi sa façon de pousser avec un angle particulier pour rouler au sol avec puissance, mais sans se blesser.

La meneuse finit par se relever, ébroua son pelage plein de poussière, et hocha la tête quand l'apprenti lui demanda s'il pouvait essayer.

La femelle ronronna devant la maladresse du petit félin qui essayait de reproduire au mieux sa posture. Elle sentait une bribe de peur, provenant de son fils. Alors elle dit :

- Tu sais, le but des entraînement c'est que tu apprennes sans te blesser, tu n'as donc pas à avoir peur. Si jamais je vois que tu n'y arrives pas, je ne finirais pas mon action pour ne pas te blesser, d'accord ?

Dès que son chaton répondit, elle lui laissa quelques secondes avant de bondir, se propulsant loin du sol, les pattes tendues vers l'apprenti. La femelle espérait que son fils arriverait à rouler comme elle le lui avait montré.

La femelle fléchit une nouvelle fois ses pattes, préparant sa réception. Avec l’expérience, la femelle pouvait regarder et de concentrer sur autre chose tout en soignant ses réceptions. Alors elle observa le mouvement de fils, elle constata que ses pattes pourraient être un petit peu plus pliées, mais rien de dramatique ! La meneuse était si fière de sa boule de poil.

Son chaton se releva, s’ébroua et demanda à sa mère comment était son mouvement. Avec un long ronron la femelle le complimenta sur le mouvement.

- Mais fait bien attention de fléchir tes pattes, ça augmentera la vitesse de ta roulade

La boule de poil regarda sa mère de la plus mignonne des manières et le cœur de la femelle se serra. Elle lui enseignait la manière de ne pas se faire tuer au combat, et s’il lui arrivait malheur pendant un combat ? Serais ce de sa faute ? De son mauvais enseignement ? Ce n’était pas son premier apprenti, elle avait du en former un pour accéder au poste de lieutenante, mais malgré ça elle doutait affreusement de ses capacités.

Etoile Volatile sortit de ses pensées lorsque le chaton lui demanda s’il répétait l’exercice ou non.

On va recommencer, mais en ajoutant un petit détail. Quand tu roules au sol, relève toi comme ça et tu pourras griffer la cuisse de l’autre félin.

Mima t-elle en exécutant le mouvement. Elle lui signifia bien de garder ses griffes rentrées.

Le chaton se mit en place face à la meneuse. Elle pouvait lire la concentration sur son visage rien qu'à ses sourcils froncés. Au miaulement de son fils, la seule banda ses muscles avant de les détendre, se propulsant loin du sol.

A nouveau, elle observa l'apprenti rouler au sol. Elle vit que la consigne supplémentaire le perturba quand il ne sut quoi faire de ses pattes et à quel moment. Il perdit l'équilibre, chancelant de plusieurs pas. Le félin trouva pour seule solution de plier ses pattes et ainsi se rapprocher du sol comme si la meneuse n'était plus qu'une proie qu'il devait chasser.

La meneuse constata le sérieux sur le visage de son fils, celui-ci s'avança de manière relativement discrète (autant que pouvait l'être un apprenti en début de formation). Ses pattes avant trouvèrent place sur ma patte arrière gauche, la femelle agita une oreille et poussa un ronron au petit cri de joie de son fils. On ne pouvait pas dire qu'elle avait été une sourie particulièrement compliquée à attraper !

Quel chasseur tu fais ! Tu seras l'un des plus grands ! Mais pour le moment concentre toi sur l'entraînement, la chasse ne fait pas tout.

Ronronna-t-elle. Elle vit son fils reculer de quelque pas, observer ses pattes pour les remplacer comme il le désirait, montrant donc qu'il ne savait pas réellement quoi en faire pour le moment. Une fois qu'elle constata son fils en place, la femelle plia ses pattes avant de s'expulser avec force. Cette fois-ci elle opta pour un bon plus en cloche, prenant plus de hauteur, laissant ainsi plus de temps à son fils pour assimiler les divers mouvements à effectuer.

Elle le vis alors rouler sur le côté et regarder ses pattes pour être sur de ne pas se mélanger les pattes. Elle le vit chavirer très légèrement, mais il su se ressaisir pour retrouver son équilibre. Lorsque la meneuse atterrit à l'emplacement où se trouvait son fils précédemment, il l'accueillit avec un joli coup de patte à la cuisse.

Il eut le réflexe de se remettre en position de combat juste après cette action, se préparant potentiellement à un retour de bâton. La femelle agita une nouvelle fois son oreille, faisant signe à son apprenti qu'il pouvait se détendre.

-Est-ce que j'ai réussit, maman ?

C'était très maîtrisé pour une première fois ! Je te félicite Nuage de Lynx ! Si tu continues comme ça tu seras un guerrier en un rien de temps !

La femelle regardait son chaton qui se déboîtait presque la nuque pour la regarder dans les yeux. La femelle adressa de nombreux coup de langue sur la tête de son chaton en ronronnant.

- On reverra ce mouvement demain pour voir si tu l'as bien compris et on le complexifiera si c'est le cas, ça te convient ?

La jeune femelle hésita lorsque son chaton lui demanda s'ils devaient continuer ou non. Elle savait ce que représentait des journées d'apprenties dans le clan. La femelle hocha la tête de manière négative pour signifier à l'apprenti que la journée d'entraînement s'arrêtait là.

Non Lynx, on reprendra demain. Il faut que tu te reposes pour pouvoir être en forme. Mais avant il faudra aussi que tu ailles nettoyer la tanière des anciens, et les débarrasser de leurs puces. Je sais que ce ne sont pas des parties de plaisir, mais il s'agit des devoirs d'un apprenti. Si tu veux on peut aller chercher de la mousse ensemble ?

Demanda la meneuse, elle savait son fils autonome, mais elle avait l'impression que sa compagnie plaisait à son chaton, alors s'il voulait de l'aide elle le ferait avec grand plaisir ! Elle attendit donc patiemment la réponse de son fils pour pouvoir prévoir la suite des événements. Elle aurait peut-être besoin de repasser au camp ordonner les prochaines patrouilles

Etoile Volatile contempla son chaton allongé au sol, son petit museau caché entre ses pattes. Elle le trouvait si mignon quand il boudait.

Son petit museau adorable sorti de ses pattes et il poussa un petit râle boudeur

- Maaaais parfois ça pue quand on nettoie la tanière des Anciens et et...., c'est tellement plus amusant de s'entraîner avec toi....

La femelle ronronna lorsque son fils lui avoua que sa présence lui plaisait. Elle fit donc sa proposition et elle le vit littéralement bondir de joie. Il gambada autour de sa mère, ronronnant si fort que toutes les proies de la forêt devait l’entendre. Il lui demanda donc où ils se rendraient pour la ramasser.

- On va rester dans la forêt des pluies, on va juste se rapprocher du camp pour avoir moins de trajet à faire.

La femelle se mit donc à galoper vers le camp, gardant toujours à l’œil son rejeton. Elle s’arrêta au niveau d’arbres avec de grandes plaques de mousses et la femelle expliqua comment les décoller proprement de l’arbre.

Elle planta ses griffes dans le haut de la plaque avant de l’arracher doucement, n’emportant pas l’écorce avec. Elle signala à son chaton de reproduire son geste.

La meneuse continua d’arracher des plaques de mousses du tronc d’arbre, veillant à recueillir le moins d’échardes possibles. Elle admira l’entêtement de son jeune fils qui, a plusieurs reprises, manqua de s’arracher les griffes. Pourtant il recommençait sans cesse, montrant que ces plaques n’étaient rien d’autre qu’une leçon comme une autre. Certes ces plaques étaient plus une corvée qu’autre chose, mais elles permettaient à tout chaton d’apprendre la patience, la délicatesse, la précision et la dextérité. La femelle ne l’aida pas, elle préféra le laisse se débrouiller, faire ses échecs et en tirer des leçons. Lorsqu’il lui indiqua qu’un bon nombre de plaque étaient retirés et qu’ils devraient aller chercher son père, la femelle hocha négativement la tête.

- Laisse moi te montrer une technique qui va nous permettre de tout transporter. Tu vas venir rouler les plaques de mousses, puis tu vas en bloquer une sous ton cou, une dans tes crocs, et la dernière sous ta queue.

La femelle commença par mettre un rouleau sous sa queue, puis elle installa sous sa gorge un deuxième avant de mordre un dernier. La position, bien que ridicule, permettait d’être beaucoup plus efficace.

Elle fit un signe d’oreille pour indiquer à son chaton de reproduire sa position avant qu’ils ne puissent se mettre en route.