D’aucuns songent que mon physique corrobore mon nom ; j’y prête, toutefois, un soin tout particulier… quand m’en vient l’envie. Je ne suis pas de ces dames, pour qui les poils emmêlés témoigneraient, a priori, un désordre mental. Ma robe de flammes luira éternellement dans mon cœur, quel qu’en fût son aspect primaire par rapport à son aspect actuel.

Seule nuisance à cet ondoiement fauve et uniforme : mon poitrail, où s’étend une flaque de givre blanc, jusqu’à mon museau. On eût dit qu’un fourbe artiste se fût amusé à peindre une longue ligne de glace pour contrebalancer la domination rousse, symbole de chaleur. D’autre part, mes iris d’un vert profond couronné d’ambre liquide dégageraient un certain magnétisme. Cela viendrait-il à excuser mon caractère intraitable ?

(S'il ne convient pas au rang de chef, ce que je comprendrais bien sûr, je peux le modifier ce n'est pas un problème ^^)

 C’est une question bien futile ; j’aime à scander qu’on ne peut définir quelqu’un en une seule fois. Jadis, la fougue de ma jeunesse m’amena à être excessivement ouverte, bavarde et insupportable. Je pose des questions ingénument, j’émets des bruits forts peu agréables une fois le repas ingéré, je ris à gorge déployée, je m’exprime comme je pense la plupart du temps, et je ne m’estime régie par aucune règle autres que celles que j’eus bien voulu qu’on m’imposât.

 Il est déconseillé de me provoquer, car je ne peux prévoir alors mes réactions entre un fou rire que je ne contrôle plus, un sarcasme terrible, une ignorance totale de mon interlocuteur quitte à le laisser planté comme un benêt, ou encore une gifle spectaculaire, plus ou moins méritée. Il existe, dans un caractère comme le mien, autant de chemins définis que la destinée elle-même ; mais en général, je préfère réagir comme je l’entends et me gausser des moralisateurs.

L’histoire avec sa grande hache. On se plaît à conter celle de nos légendes, mais la nôtre demeure tapie dans le tréfonds de notre intimité, et la mienne n’y échappe pas.


La beauté est un bien lourd fardeau parfois ; elle éclipse l’âme comme un éternel soleil qu’on ne peut éteindre. L’on croit, aux premiers abords, qu’elle permet d’entrer dans le cœur d’autrui ; qu’elle constituât la clef de tout, et que la réciprocité du respect que l’on éprouvât envers les siens fût vraie.

Fourbe tromperie.

La jalousie constitue une arme bien plus puissante et dévastatrice. Elle brûle dans le regard, elle consume l’âme parcelle par parcelle. C’est un incendie qui n’a ni peine ni remords, que seule la pluie acide de l’hypocrisie peut soulager.

When you’ve decided to kill someone else, you’ve killed a part of yourself.


Qu’advient-il des règles lorsque vos semblables vous exhortent à les transgresser ? Vous exhortent à sortir de vos gongs, à briser le miroir factice qu’est votre calme apparent, quel qu’en soit le prix, pourvu que vous fussiez comme eux ? Mais votre différence n’en est qu’accrue ; dégoûtés par cette traîtrise que les vôtres veulent vous faire accomplir, vous y entrez davantage, plutôt que de l’éviter. Hélas ! Vous vous plongez dans cette perfidie, et vous faites tout pour les révulser plus que vous ne l’avez été vous-même. C’est le seul moyen de s’échapper du regard impétueux du jugement ; entrer dans la marginalité, dès que possible. Dresser vos murailles contre le bélier d’autrui, et ne plus chercher à le convaincre de votre soi-disant beauté.

C’est pour cette raison que mon mentor ne m’a jamais comprise. Et que je lui en ai toujours voulu.
Je suis démente. C’est ce qu’ils répètent en chœur.
Tant pis. Je l'assume.