J'étais rentrée des Chutes de Braises depuis une heure environ, et avait léché les quelques griffures que le chef m'avait infligée. En soit, je m'en sortais parfaitement bien. Par contre... ce n'était que physiquement... en effet, mentalement, j'étais encore sous le choc et je ne savais pas trop quoi penser de tout cela.
Ma queue était enroulée autour de Petite Fumée qui faisait une sieste, comme si j'avais peur de voir l'ancien meneur surgir n'importe quand de n'importe où pour me l'arracher des pattes et le tuer d'un coup de crocs. Je tremblais encore et mes yeux étaient toujours réduits à deux têtes d'épingles.
C'est alors que je me figeai sur place et me couchait autour de mon fils, le protégeant d'avantage. L'odeur de sang venait d'apparaître, de peur aussi... mais ce que je retins... c'était que c'était l'odeur du sang d'Etoile du Désespoir.
J'avais ramené ce qu'il restait de Griffe de Chacal, le cœur gros, et tout le camp s'était effondré de désespoir et d'horreur, sans parler de peur... Mais l'odeur de l'ancien meneur se faisait maintenant plus forte...
A mon plus grand soulagement, c'était Croc de Corbeau qui entrait, seul, couvert du sang de l'ancien chef et ne semblant pas blessé trop gravement, aux premiers abords. En rentrant, je l'avais cherché et on m'avait affirmé qu'il était parti depuis peu.
Je m'étais donc mise à l'attendre, désirant retrouver son réconfort et parler de ma rencontre avec le mâle blanc... mais visiblement, il s'en était informé tout seul. Je confiais Petite Fumée à une reine qui passait par là, hocha simplement la tête à mon frère après qu'il m'ait demandé audience, et lui fit signe de me suivre, du bout de la queue, toujours sans décrocher un mot.
Nous arrivâmes dans ma tanière. Je m'assurai rapidement qu'aucun félin trop curieux, surtout un chaton ou un apprenti, ne nous écoute, et, sans attendre, je m'effondrai en larmes contre mon frère, restant cependant suffisamment discrète pour ne pas être trop entendue de l'extérieur.
"Oh Croc de Corbeau... il... il est revenu! C'est... je... qu'est-ce qu'on va faire?!"
Me lamentais-je dans son épaule, complètement abattue par les événements.