Je marche sur l'herbe humide qui tapisse le sol, lentement. Je sens chacun de mes muscles, un à un qui se contracte lorsque mes pattes effleurent le sol glissant. Mes griffes s'enfoncent dans le sol, donnant à mon corps fin un équilibre sans pareil.
Arrivant vers une petite corniche, je m'arrête. Ma queue touffue frôle le sol sans un bruit. Je lève la tête et un léger coup de vent fit vibrer mes moustaches. J'inspire cet air si pure, puis je rebaisse la tête, et regarde mon reflet dans la rivière en contrebas. Deux perles bleus s'y reflètent. Puis avec, je vois mon pelage noir, mes fines oreilles et mon petit museau tout rose. Je me vois moi, tel que les autres me voient.  

Ils pensent me connaitre alors que je peine à me comprendre moi-même.. Ils me croient forte, alors que mon cœur a tant de fois été brisé. Ils me croient sans peur, alors que je suis la première à avoir envie de fuir.
Et pourtant ils se trompent. Si je souris, c'est uniquement pour que les chats de mon clan souffrent d'une chatte comme moi, triste et rongée par son passé. Si je rigole, que je prends soin des autres, c'est pour oublier.
Oublier, car je n'arrive as à aller de l'avant.
Mais je cache ma tristesse, et je ne la laisse jamais sortir. Ainsi je suis, moi, Symphonie des Coquelicots.

Tu sortis ta tête de la pouponnière, et fermas un instant les yeux, éblouis par le soleil. Les rouvrant, tu trouvas directement la personne que tu cherchais. Courant sans vraiment regarder ou tu allais, tu percutas quelque chose.. ou.. quelqu'un..
Relevant la tête, un peu sonnée, tu regardas le guerrier que tu avais bousculé, puis baissas tout de suite les yeux.

   - Je.. Je suis vraiment désolée de vous avoir percuté..

Tu soupiras. Tu allais encore recevoir des coups. Et après, tu te ferais enguirlander par Mère. Et encore des coups de Mère.
Mais tu ne te plaignais pas, car se plaindre, c'est pour les faibles.
Tu attendis le coup.. qui ne vint pas. Quand tu relevas la tête, il fit un petit sourire et te léchas le sommet du crâne.
* Que.. ? *

   - Oooh ! Poil Lupin ! Je suis tellement navréée..

Une chatte, le pelage blanc immaculé accourait vers le guerrier que tu avais bousculé, suivie de prêt par la copie conforme de Mère, en miniature..
* Mère ! *
Celle si, arrivant à ta hauteur te jeta un regard froid, te forçant à baisser les yeux. C'était toujours comme ça, ta mère te jetait toujours des regards froids, elle te donnait des coups sans que tu le mérites, et quand un chat lui reprochait son comportement irrespectueux, elle te donnait encore plus de coups.
Mais tu aimais profondément ta mère.

Puis le temps passa, ta mère mourut, suivi du chaton qui était en fait ta sœur. Le mal vert les avait pris, mais tu n'était plus triste à présent.
Tu es rapidement devenue guérisseuse. Ton cœur se serra à la mort de Poil Lupin, mais tu ne pleuras pas.
Puis la vie continua, jusqu'ou elle est maintenant.