Les rayons du soleil réveil délicatement une petite boule de poils noir blottis contre une touffe blanche. Les poils noirs frémissent, comme si un frisson venait de les parcourir, et une longue et fine queue, tout de noir vêtu, se détache de la boule pour s'agiter dans tous les sens tout en taquinant le blanc. Finalement, le blanc ne réagissant pas, la boule noir se déplie laissant apparaître une patte noire au coussinet rose, puis une seconde, une troisième et une quatrième. Toutes aussi noires que la première et aux coussinets tout aussi rose, exception faite du coussinet de l'antérieur droite qui a une une petite tache noire en bas du coussinet central. Une fois debout, le chaton plaque ses oreilles en arrière, approche son museau du tas pour le renifler et le mordille de ses petites dents blanches et pointues, des coups de pattes dans le museau et les moustaches, blanches, le font reculer et éternuer. Le petit animal noir secoue la tête et se plaque à terre, prêt à sauter sur le chose blanche à pattes quand une mâchoire se referme sur son cou...

… Le jeune attaquant miaule sous la surprise, il est encore si peu attentif qu'on le surprend facilement, mais ses pattes retrouvant rapidement contact avec le sol il en profite pour se tourner d'un coup et grogner boudeur, comme à chaque fois qu'on l'empêche de faire quelque chose qui l'intéresse, contre son agresseur avant de retourner à sa chamaillerie quotidienne avec son reflet blanc sous le regard amusé de leur mère. Toujours prompt à la bagarre, le noir ne pouvait pas s'empêcher de jouer à se battre avec sa sœur et si, pour une raison que le ne voulait pas comprendre, la blanche n'était pas disponible alors il se rabattait sur les autres chatons de la pouponnière et qu'importe leur âge. S'il se contentait des chatons, pourquoi pas, mais la petite terreur de la pouponnière appréciait beaucoup mêler les reines et les visiteurs à ses jeux, même s'ils se faisait battre ou rembarrer en trois secondes, mais celui qu'il guettait et voulait battre plus que tout au monde c'était leur chef à tous : Étoile du Désespoir. Malheureusement pour lui, il ne se montrait jamais dans la pouponnière et chaque fois que le petit noir sortait de la pouponnière et croisait le grand blanc, il était tellement impressionné qu'il n'osait pas s'approcher à plus de 5 mètres de lui, mais foi de chaton il n'allait certainement pas rester impressionné tout sa vie ! S'il voulait convaincre leur meneur qu'il allait devenir le plus grand et le meilleur de tous les guerriers il fallait qu'il se montre à lui ! Néanmoins, avant d'en arriver là il lui fallait tout savoir et donc s'interroger sur tout, tout le monde et tout le temps. Curieux le petit noir ? Si peu...

La chatte à juste besoin gronder légèrement pour que les deux tempêtes s'arrêtent et retournent, vaguement penaud, jusqu'à leur mère. Elle leur lèche la tête avec compassion avant de leur dire de s'asseoir/

« Je sais que vous êtes impatient d'avoir votre nouveau nom et un mentor, mais ce n'est pas encore l'heure de la cérémonie alors vous allez rester ici au lieu d'embêter nos guerriers et leurs apprentis. Voulez-vous que je vous raconte une histoire pour patienter ? Votre histoire ? »

Le blanc et le noir se regardent, complices et acquiescent à grand bruit, l'un comme l'autre aiment les histoires et c'était un bon moyen pour leur mère de les garder calme quelques minutes. La belle prit une inspiration et débuta son histoire :

« Il y a six lunes de ça, alors que la nuit venait d'embrasser la forêt, la pouponnière s'éveilla à l'appel d'une reine : il était temps pour elle d'offrir le monde a ses tous petits. Deux chatons béni par la nuit naquirent : Petite Lune qui était aussi blanche que l'astre de la nuit et Petite Nuit qui était aussi noir que le ciel de l'astre. La sœur et le frère étaient tout deux en bonne santé, peut-être même un peu trop. Dès que leur corps se solidifia suffisamment pour garder les deux chatons debout, ils en profitèrent pour explorer leur demeure sous toutes les coutures, et si leur mère pensait qu'ils se contenteraient de la pouponnière pendant plusieurs semaines, voir des mois, les deux chenapans eurent vite faire de se glisser à l'extérieur dans l'espoir de visiter le camp dans son entièreté. Heureusement leur père, un fier guerrier du clan, parvint à les rattraper par la peau du cou avant qu'ils soient parvenu à embêter les anciens, traîner dans les pattes des guerriers ou piquer des plantes dans le coin du guérisseur et de son apprenti. Impressionné par le regard réprobateur de leur père et la dispute de leur mère, le blanc et le noir ne quittèrent plus du tout le nid. Enfin, pendant deux jours complet et si une reine n'avait pas rattraper la Nuit téméraire, il se serait enfui dans le camps quelques heures après s'être fait réprimandé. Et après une sieste plus que méritée après leur escapade.

Plusieurs jours durant, voir des lunes, la vie de la blanche et du noir fut teintée de bagarres, de jeux, d'explorations et d'envie. L'envie de rejoindre les apprentis, l'envie d'aider leur clan, mais surtout l'envie de prouver sa valeur. Bien que si pour la jeune Lune ce n'était pas si important que ça, le jeune Nuit n'en démordait pas : un jour il sera le meilleur et il le prouvera à Étoile du Désespoir, même si sa mère et les autres reines ne cessaient de lui rappeler qu'au début sa fixation était sur leur ancien chef, Étoile de Cœur et qu'il avait transposition cette fixation sur l'ancien lieutenant, le petit noir refusait de les croire et jurait qu’étoile de Désespoir fut toujours son chef. Les reines se contentaient de hausser les épaules et de retourner à leur occupation.

Plus le temps passait et plus le petit Nuit se faufilait se bagarrait et pas toujours sans ses griffes ou ses crocs, plusieurs fois sa mère dût le réprimander ou le punir pour être si peu attentif aux autres et trop brusque lors des jeux. D'un autre côté, il attisait l'attendrissement de sa mère lorsqu'il posait mille et une question sur le fonctionnement du camp, des clans et de tout ce qu'il avait sous les yeux. Pour sa mère une chose était sûre, il aimait son camp et s'il n'était pas si bagarreur et désireux d'être vu par leur meneur, il aurait fait un parfait petit apprenti guérisseur prêt à aider tout le monde. »

La reine voulait poursuivre et parler plus précisément des 400 coups de la sœur et du frère, décrire au jeune Nuit à quel point il avait été pétrifié la première fois qu'il s'était retrouvé proche d’Étoilé du Désespoir et de leur lieutenant, raconter que les garnements avaient réussi à piquer de la mousse destiné aux anciens pour jouer avec, leur dire la tête qu'ils avaient fait après avoir goûté pour la première fois à de la viande, mais le temps lui manquait il était l'heure de rejoindre le reste du clan pour que les deux joies de sa vie deviennent apprentis... et la quitte un peu plus chaque jour.