"OUAIS ALLER, TUE-LE, TUE-LE, avait-il hurler contre lui. MORD LUI SA GORGE CAMARADE ! ET PUIS ET PUIS CRÈVE LUI LES YEUX AUSSI ET APRÈS TU.."

Une belle idée, que ce jeune chaton avait eu ce jour-là, heureusement, Tocade n'était pas si cruel.. n'est-ce pas ?

Un sourire carnassier sur les lèvres, le mâle s'était levé ce matin sans grande motivation, pourtant, en voyant l'agitation inhabituelle dans les alentours, le rouquin avait décidé de mener sa petite enquête car Cachou, son ami et voisin s'occupait d'un jeune félin : Nuage de Lynx, un félin clanique qui avait été capturé par les bipèdes. Il se dirigea alors vers le territoire du matou clanique : le territoire du Clan de la Pluie. Pourtant, le domestique remarqua qu'un étrange trouble planait sur la forêt également car voilà que, relativement pressées, la Grenouille et l'Abeille passèrent devant lui, sans même le remarquer. Décidant de les prendre en filature, le rouquin les suivit de près avant de finalement les perdre... c'était un chat domestique après tout, il ne fallait pas s'attendre à beaucoup d'effort.

Alors qu'il était avachi sur la branche d'un arbre, une deuxième patrouille le dépassa, cette fois-ci composée de l'Abeille, de la Grenouille et d'un autre félin que le domestique n'avait pas encore eu la chance de rencontrer. Si ses informations étaient correctes, alors il s'agissait du lieutenant du Clan de la Pluie et alors, un idée germa dans son esprit : peut-être était-il venu le temps de payer une visite dans le camp des pluvieux ?

Ni une, ni deux, le matou descendit de son arbre aussi agilement qu'un blaireau pour venir écraser le sol de ses quatre pattes dans un lourd bruit, avant de se diriger vers sa nouvelle destination. Une fois arrivé au camp, le balafré eut la jugeote de se cacher suffisamment loin de l'entrée pour ne pas être vu, mais suffisamment proche pour avoir une image d'une partie de l'endroit.. et quelle image c'était ! Les matous semblaient manquer d'entrain, manquer de vie, même ce matou noir et blanc qui lui sembla soudainement très familier. Ses oreilles se levèrent, ses yeux s'écarquillèrent, son cœur s'accélérait.. Oui... s'il ajustait l'angle juste un peu alors il pouvait voir le chaton qu'il cherchait depuis bien trop longtemps.

Ramsey.

L'envie de se lever pour foncer sur le matou était très forte, mais le rouquin n'avait guère l'envie de se faire attraper de tous les côtés alors il se contenta de fixer le mâle sans avoir la moindre idée de quoi faire.. Qu'il avait grandit ! C'était un grand chat maintenant, fort et beau, mais terriblement abattu et peiné. 'Il est très bien là où il est!' qu'il avait dit, ce pauvre idiot ! et alors qu'il commençait à appeler le nom de l'ancien domestique, une jeune tête vint perturber sa vision.

"Et qu'est-ce que tu fais là toi ?! T'en a pas eu assez avec la BPC, mmh ? Tu veux te battre, hein ? JE VAIS TE DÉFONCER ! COEUR DU COMBATTANT, VIIIIIIIENS"

Il s'agissait de Petit Pingouin, l'un des chatons qu'il avait attrapé il y a de ça quelques lunes. Le rouquin eut un sourire satisfait en sachant que le jeunot se souvenait de lui, mais il perdit vite son rictus lorsque ce dernier appela Cœur du Combattant, qui n'était nul autre que Ramsey. Celui-ci leva la tête à la recherche du bruit et, apeuré, le gros domestique se jeta sur le chaton pour le faire taire avant d'être repéré.

"La Tocade va te faire regretter d'avoir ouvert la bouche pour toujours, petite vermine"

Donc il le tenait là, au-dessus du ravin des titans, par la peau du cou et menaçant de le jeter dans le gouffre qui semblait infini pour le jeune chaton qui n'osait même pas bouger une moustache. L'alerte avait été donné plus tôt, il avait été repéré, mais le rouquin avait réussi à s'échapper avec le fardeau qu'était cette puce de Petit Pingouin. Finalement, le rouquin décida de lâcher le jeune chat sur le rebord et ce dernier manqua de glisser vers sa mort. Ça aurait été accidentel, se moqua le domestique intérieurement.

"Petit pingouin, sais-tu voler ?
- N..non, répondit-il.
- Hé bien, pourtant, les pingouins le peuvent, c'est les manchots qui n'y arrivent pas."

Aucune réponse du jeune chat, ce qui amusa le solitaire. Il ne s'attendait pas à une réponse de toute manière, les tremblements de peur du félin en face de lui étaient suffisamment. Un bruit derrière lui, une voix féminine, qui cela le destin de Petit Pingouin.

"Tu mourras moins bête, blanc-bec"

Se relevant avec le corps encore chaud du chaton dans la gueule, le matou roux se dirigea vers la source du bruit et quelle ne fut pas sa surprise d'y voir l'Abeille, devant ses propres yeux, cette fois-ci seule. Pourtant, en l'inspectant de haut en bas, le rouquin n'eut l'envie de l'attaquer : elle lui semblait être l'entre deux parfait entre la force et la chétivité, ce ne serait guère intéressant de s'attaquer à elle. Alors il se contenta de s'approcher d'elle, menaçant, avant de poser le chaton au sol et de le rouler vers elle de sa grosse patte.

"Tiens, la Tocade le rend à la pluie, petite Abeille"

Du même sourire carnassier de son début de journée, cette fois-ci la gueule tâchée de sang frais, Tocade tourna la dos à la nouvelle venue.

"Telle une ombre, je vais te suivre. Tel le poison d’une abeille, je vais m’insuffler en toi. Je vais te hanter, jusqu’à ta mort. Je vais te vider, jusqu’à ta dernière goutte de sang… Je vais t’éliminer."

Et dans un miaulement terrible, un poids vint s'écraser sur le dos de Tocade et son échine se fit marteler. Force d'Abeilles venait de bondir sur lui, enragée comme un chien et surtout prête à en finir avec le solitaire. L'assassin roux pouffa avant d'entreprendre une roulade pour déloger la tique sur son dos* et de se redresser de toute sa hauteur : finalement, il y aurait un combat, et un grand. Un des deux en repartirait sérieusement amoché, si la Mort décidait d'être clémente pour le perdant. Les griffes du rouquin écorchèrent le sol pendant qu'il fixait la femelle de ses yeux d'or, elle était folle de rage, presque autant que sa mère adoptive lorsqu'il l'avait affronté pour la première fois. Alors devant tant de similitude, le domestique se devait de défier l'autre :

"La ressemblance avec la Grenouille est flagrante, commença-t-il. Grande, fière, mais terriblement aveuglée par la hargne.."

Oh, il se souvenait bien de ce jour-là, quand la siamoise était sortie de sa tanière juste pour lui, pour le chasser de ses terres, pour se battre.. et pour mourir. Le domestique se demanda alors si la jeune féline en face de lui était doté du même pouvoir que sa mère : celui de revivre. Quel effroi ça avait été, de la voir revenir d'entre les morts pour lui griffer le museau comme s'il ne l'avait pas abattu quelques secondes plus tôt. Qu'importe, la Tocade la tuera autant de fois qu'il le faut.

"Elle n'avait pas répondu à l'énigme le jour où la Tocade l'a tuée, alors.. Je t'emmène le soir et te ramène au matin. Aucun ne souffre de m'avoir, mais mon manque peut être fatal, il cita. Qui suis-je ?"

Jamais elle ne répondrait à son énigme, il le savait pertinemment alors le domestique se prépara à recevoir une riposte, et cette fois-ci, Tocade était prêt.


* = les dégâts infligés par Tocade